Dans son spectacle intitulé Le diable est une gentille petite fille, Laura Laune narre la merveilleuse histoire de la girafe. Une comptine pas vraiment faite pour les enfants… Gare à la voix sucrée de la jeune Belge, elle peut raconter des horreurs !
Que vous a apporté votre victoire à La France a un incroyable talent ?
Un véritable coup d’accélérateur. L’émission m’a permis de toucher un public beaucoup plus large. Les salles sont pleines et je fais davantage de dates. En 2014, ma rencontre avec Jérémy Ferrari a aussi été un déclencheur. Il m’a vue sur scène et m’a dit avoir eu un coup de cœur pour mes textes. Moi, j’étais déjà fan de lui, nous partageons le même univers. On a vite eu envie de travailler ensemble.
Comment fonctionne votre tandem ?
Il a rapidement proposé de produire mon spectacle : il trouve les dates, organise les rencontres avec les programmateurs, me fait connaitre auprès des médias. Ce qui était très compliqué lorsque je me produisais seule. Il m’a aussi donné de nombreux conseils, m’a aidé à écrire les textes. Je me suis ensuite mise à les écrire moi-même, cela me semblait important car je prends des positions très personnelles sur différents thèmes.
Osez-vous vraiment tout ?
Ma seule limite est de faire rire les gens. Je ne veux pas choquer pour choquer. L’humour trash me vient naturellement. J’écris tout ce qui me passe par la tête et ne teste pas vraiment sur ma famille ou mes amis. L’écriture est une surprise, je joue sur scène et observe la réaction de la salle. Le spectacle s’est vraiment construit avec le public. Si un passage ne prend pas, je le change. Ça fait trois ans que je tourne et encore aujourd’hui, je réajuste les textes. L’été dernier, j’ai pris du temps pour les faire évoluer au gré de mes envies, de l’actualité, des réactions des gens et je suis très contente de la version actuelle.
Que vous dit le public après le spectacle ?
C’est un moment que j’apprécie énormément. Les gens me disent souvent que ça leur fait du bien de rire sans complexe, de vivre une heure et demie où tout est permis. Certaines personnes me disent des mots très cash, des mots qu’elles n’oseraient jamais prononcer ailleurs. Les gens ont un sentiment de liberté, comme si les conventions n’existaient plus.
Justement, vous dites avoir beaucoup de mal avec les conventions…
Je suis très timide, ce qui étonne autour de moi car ça ne se voit pas. Mais la scène est un espace à part où je me sens à l’aise. C’est un métier où il faut rencontrer plein de monde, faire beaucoup de promo et c’est compliqué pour moi qui suis un peu réservée. Au quotidien, ma timidité peut se traduire par des maladresses. Mais je les assume et je m’améliore.
Continuez-vous à écrire pendant votre tournée ?
Oui, tout le temps, c’est une activité qui ne s’arrête jamais. J’écris des nouveaux textes, des vidéos pour internet, des sketchs avec d’autres humoristes, j’améliore mon spectacle... Mon cerveau réfléchit constamment à de nouvelles idées.
Vous faites rire le public mais aimeriez-vous l’émouvoir ?
J’ai très envie de faire du cinéma et encore plus d’écrire un film dans lequel je jouerai. Ce ne serait pas forcément une comédie car j’aimerais tenter d’autres registres. J’ai déjà commencé à rassembler des idées, des thèmes mais je n’en suis vraiment qu’au tout début car un film prend vraiment du temps à se mettre en place. C’est en train de mûrir dans ma tête.
Les propositions doivent affluer à présent ?
Oui, mais je n’ai pas accepté grand-chose car j’attends vraiment la proposition qui saura me parler. Depuis Incroyable talent, tout s’est accéléré et je veux prendre mon temps pour faire les bons choix.
Le succès, vous aimez ?
Je suis heureuse de voir que ce que je fais est apprécié. J’ai un humour particulier et au début, on me disait souvent « ça ne marchera pas auprès du public, tu ne pourras jamais faire de grandes salles ». C’est une satisfaction de constater qu’au contraire, les gens comprennent et adhèrent à mon humour.
Propos recueillis par Nathalie Truche