Ville de l’excès, des milliers d’ampoules allumées en continu, et du glingling des machines à sous, Las Vegas a en juillet dernier inauguré sa nouvelle folie : la MSG Sphère.
Coup d’œil sur ce projet architectural entre prouesse technologique et problématique écologique.
1,2 million de LED
C’était l’événement à ne pas rater lors de la fête nationale américaine, le 4 juillet dernier. Dans la ville américaine des lumières, ce sont 1,2 million d’ampoules supplémentaires qui se sont allumées ce soir-là sur le nouveau projet architectural démesuré de la ville de Las Vegas. Mesurant 112 mètres de haut pour 157 mètres de circonférence, et une surface intérieure totale de 53’000 mètres carrés, la MSG Sphère réalisée par la société Sphere Entertainment Co brille désormais de mille feux à quelques pas du célèbre César Palace. Un projet entamé en 2019, dont la prouesse réside à la fois dans sa forme et dans le nombre improbable de LED installées à sa surface. Le 1,2 million d’ampoules, chacune espacée de 20 centimètres, aboutit ainsi à la création d’un écran géant sphérique sur lequel les premières projections ont attiré plus d’un curieux, et produit plus d’un poste Instagram. Au total c’est un éventail de quelques 256 millions de couleurs qui peut être affiché par chaque LED, permettant des reproductions numériques d’un grand réalisme. Le soir de l’inauguration, la lune, puis la Terre, mais aussi le drapeau américain et un ballon de basket sont alors apparus dans des créations des plus réalistes, trompe-l’œil troublants.
Une salle de concert
dissimulée dans le dôme
Sous ce million de LED, c’est une salle de spectacle qui est en réalité dissimulée. Pouvant accueillir jusqu’à 18 000 spectateurs, installés dans un espace circulaire, l’auditorium sera inauguré en septembre prochain, avec une série de concerts du mythique groupe U2. La demande des tickets pour ce concert inaugural programmé le 29 septembre a connu une telle demande que des dates supplémentaires ont du être ajoutées pour un total de 25 soirées étalées sur l’automne durant lesquelles le groupe se produira à salle comble. Salle de concert donc, mais aussi de projections avec notamment le projet de diffuser dans l’auditorium des films, ou encore des courses de Formule 1 sur un écran de définition 16k. Un cinéma également en quelques sortes donc, mais pas n’importe lequel. En effet la MSG Sphère disposera d’une salle dotée de 10 000 sièges dits haptiques, qui feront ressentir les mouvements aux spectateurs, mais viendront également stimuler leurs autres sens avec l’installation de diffuseurs de parfums et de simulateurs de vent pour une expérience des plus immersives. L’objectif de la compagnie porteuse du projet ? Réinventer le monde du spectacle live.
Prouesse technique pas très écolo
Véritable prouesse technique à bien des niveaux, tant par son architecture sphérique que son installation lumineuse, et sa salle immersive, la MSG Sphere interroge à une époque où la conscience écologique est plus éveillée que jamais. La première question réside dans la question de la pollution lumineuse, déjà plus que problématique dans la capitale du Nevada. Quelques temps avant sa mise en service, la sphère a fait l’objet de tests, inquiétant déjà les voisins, même éloignés de plus d’un kilomètre, de la construction. Pour l’un d’entre eux qui se confiait à une publication britannique, le bâtiment, d’un point de vue lumineux, fait l’effet d’un soleil déposé sur la terre ferme. Une telle puissance qui vient déjà causer des nuisances importantes aux locaux, et qui questionne la construction d’une sphère identique à Londres dans les années à venir, poussant des associations locales à s’opposer au projet. Autre problématique difficile à ignorer, l’énergie nécessaire à faire vivre une telle attraction, dont les LED seront allumées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Certes à faible consommation d’énergie, ces ampoules nécessiteront malgré tout des ressources importantes, tout comme les nombreuses technologies mises en place dans l’auditorium désireux d’être des plus immersifs. Un point noir au tableau difficile à ignorer dans la ville déjà la plus gourmande en énergie des états-Unis. Peut-être un plus pour la culture donc, mais certainement un moins pour la planète qui est presque ironiquement reproduite par les LED de la sphère.
Aurore De Granier