Dans son dernier ouvrage, la philosophe Adèle Van Reeth, nous propose un récit autobiographique, une étude inédite et originale sur le thème de la vie ordinaire.
« La vie ordinaire est une vie d’hypocrite. On fait comme si c’était - déjà ça - de vivre tranquillement ’’, comme si on ne voulait pas d’aventure. Comme s’il suffisait de se la couler douce dans les plis du laisser-être pour atteindre la tranquillité tant recherchée. Sauf que la plupart du temps, on n’y arrive pas. » L’auteure nous invite à regarder droit dans les yeux l’ordinaire de nos vies. « L’ordinaire est ce qu’il reste quand tout a changé. L’ordinaire ne s’arrête jamais. Et toutes les tentatives de le fuir, de lui tourner le dos sont vaines. » Regarder la vie ordinaire en face exige un travail d’écriture et de lucidité douloureuse. Et si c’était le prix à payer pour atteindre une sagesse ultime, celle d’une réconciliation avec nos vies ? Serait-ce la seule voie d’accès à une jouissance de l’existence ?
L’insatisfaction du quotidien peut nous donner à tous envie de changer de vie : déménager, divorcer, changer de nom, retoucher son visage. Mais l’ordinaire, c’est ce qui reste quand on a tout changé. Qui qu’on soit, où qu’on soit, quel que soit la personne avec qui je vis, on ne pourra jamais se soustraire à la répétition des jours et des nuits. Le thème de la vie ordinaire a rarement été étudié en philosophie et c’est ce qui fait l’intérêt et l’originalité de ce livre qui emprunte la forme du récit pour se déployer.
Quand l’ordinaire devient extra-ordinaire
Adèle Van Reeth s’interroge de manière profonde sur nos vies ordinaires.
« Demandez-vous, au moins une fois, si le nombre d’années parcourues, les épreuves et les angoisses endurées, si vous avez vécu tout cela pour vous réfugier dans la mauvaise foi de l’émerveillement ordinaire ? Remuez la vase qui étouffe vos désirs et vous fait croire qu’être quelqu’un, c’est peser lourd, et s’accrocher aux horaires comme si la vie en dépendait ! »
Faire à manger, répéter maintes et maintes fois des choses à ses enfants ou son conjoint, des phrases insignifiantes que nous pourrions sortir par réflexe ou tout simplement pour se rassurer, c’est cela l’ordinaire. Ces petits « riens » qui nous permettent de transformer l’ordinaire en extraordinaire. La difficulté résiderait dans le fait de transformer le banal du quotidien en moments indispensables et en souvenirs inoubliables avec nos proches…