Au cœur des Alpes, dans la commune de Manigod, un chalet à l’architecture unique s’élève. Sa modernité est indéniable, et pourtant la tradition reste omniprésente dans ses traits. La Mountain House, imaginée et construite par le bureau d’architecte Studio Razavi Architecture surprend, mais ravit le regard. Ce projet unique vient alors insuffler un vent de modernité dans l’architecture des montagnes françaises. Un projet qui a reçu de nombreux prix des plus prestigieux, et qui signe peut-être le renouveau d’une architecture montagnarde entre modernité et patrimoine. Rencontre avec Alireza Razavi qui nous dit tout de ce projet unique en son genre.
Quelle est l’histoire derrière ce projet ?
Ce chalet est une commande d’un couple de galleristes parisiens. Au départ, ils s’étaient rapprochés d’un architecte qui avait déjà réalisé de nombreux chalets, mais ils n’étaient pas satisfaits de la direction que les choses prenaient, l’architecture était trop typique, pas assez contemporaine. Ils se sont donc tournés vers nous. Au départ, ils étaient réticents, car nous n’avions jamais construit de chalets. Mais nous avons vu ça comme un atout, car étant donné que nous ne l’avions jamais fait, nous allions mieux faire. Nous étions très heureux de prendre ce projet, car en France l’architecture de montagne est très pauvre, contrairement à la Suisse ou à l’Autriche. Même l’architecture de montagne contemporaine suit des codes artificiels. Nous voulions donc créer un chalet à la rencontre entre tradition et modernité, faire naitre un nouveau style. Les clients nous ont suivi dans nos idées, et ont été très présents tout au long du processus de création. Et en 2016 la Mountain House était née.
L’architecture de montagne possède de nombreuses contraintes, au niveau structurel comment le chalet a-t-il dû être pensé ?
En effet, les contraintes ont été nombreuses. Le chalet est situé sur un site très en pente, et il a donc fallu réaliser un terrassement important contre le flan de la montagne. Les charges de neige élevées en altitude ont également dû être prises en compte, tout comme l’accès limité au site. En effet, d’un point de vue pratique travailler dans un petit village de montagne comprend de nombreuses contraintes. Nous ne pouvions pas accéder au site durant une partie de l’année, et les routes ne sont pas adaptées à de gros véhicules de transport. Mais nous n’avions jamais travaillé avec ces contraintes, et pour nous c’était un défi très intéressant à relever.
L’esthétique du bâtiment est lui aussi rempli d’enjeux, quels codes deviez-vous suivre dans sa réalisation ? Autrement dit, comment s’est passée la rencontre entre architecture moderne et traditions ?
Construire en montagne, en France, n’est pas simple. La commune de Manigod souhaitait voir son vocabulaire architectural se renouveler, mais en même temps ils avaient peur de ces changements visuels. Culturellement, dans ces lieux les gens ont tendance à aller contre toute forme de modernisme, et continuer à construire des chalets comme dans le passé pour ne pas bouleverser les codes de la vallée qui conservent alors des fonctions qui n’ont plus raison d’être. Nous avons vraiment dû batailler pour faire accepter nos idées et rendre ce projet possible. La base en béton a été problématique, alors qu’elle est en réalité très saine, idem pour les grandes ouvertures. Pour ainsi dire, toutes nos propositions ont été rejetées par la commune. Mais nous avions effectué de nombreuses recherches sur l’architecture locale, et nous avons pu démontrer que tous nos choix avaient un sens, une fondation. Et au final notre projet a été accepté.