Rares sont les comédies musicales qui font autant parler d’elles avant leur sortie. Mais La La Land, avec Ryan Gosling et Emma Stone dans les rôles principaux, mérite amplement tout ce battage médiatique. Les critiques sont unanimes : il a été le grand gagnant à la 22ème édition des Annual Critics ‘Choice Awards, remportant huit prix, dont celui du Meilleur Film, du Meilleur Réalisateur et de la Meilleure Chanson. Le film vient également de rafler sept nominations aux Golden Globes.
À la fois hommage à la grande époque des comédies musicales hollywoodiennes, déclaration d’amour au mythe éternel de Los Angeles et histoire d’un coup de foudre, La La Land réunit deux des acteurs les plus en vue du cinéma américain devant la caméra de Damien Chazelle, connu pour son travail sur Whiplash. L’histoire se situe au cœur de Los Angeles : Mia (Emma Stone), une actrice en devenir, sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian (Ryan Gosling), passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux. Tous deux sont bien loin de la vie à laquelle ils aspirent… Mais le destin va réunir ces doux rêveurs. Leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?
Une approche novatrice
Le film nous plonge dans un univers cinématographique éblouissant et unique. Un univers conjuguant lumière, couleurs, son, musique et mots, qui évoque les rêves de succès auquel chacun aspire. « Ce qui comptait à mes yeux, c’était de faire un film sur deux êtres animés par des rêves quasi irréalisables qui les poussent l’un vers l’autre, mais qui les divisent aussi », confie Chazelle. Il poursuit : « Même si La La Land est très différent de Whiplash à bien des égards, ces deux films parlent d’un sujet qui me tient beaucoup à cœur : comment trouver un équilibre entre l’art et la vie, entre les rêves et la réalité - et plus précisément, comment trouver un équilibre entre son rapport à son art et son rapport aux autres. Je trouve que la comédie musicale est le genre par excellence qui permet d’évoquer ce délicat dosage entre rêve et réalité ».
Pour le producteur Marc Platt, grand nom de la comédie musicale, l’approche du film est novatrice : « Damien a renouvelé le genre en s’inspirant de motifs classiques mais il a su les réinterpréter d’une manière contemporaine », dit-il. « À partir des codes de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, il a réussi à réaliser une œuvre qui s’adresse aux nouvelles générations ». Chazelle a en effet repris les codes des comédies musicales des années 40, 50 et 60, qu’il affectionne beaucoup. On retrouve donc une partition musicale ininterrompue, des couleurs vives, et l’énergie qui les caractérisent.
Los Angeles, le troisième personnage
Damien Chazelle envisage Los Angeles comme personnage à part entière, une muse. La La Land est incontestablement une déclaration d’amour à la ville. Le film met en scène les deux acteurs au sein de sites hollywoodiens emblématiques, ce qui permet d’aborder à la fois le fantasme romantique qu’incarne Los Angeles, mais aussi son ancrage dans le monde actuel.
C’est pour renforcer le lien entre tradition et modernité que la production a engagé deux comédiens en vogue. « Je voulais qu’on réutilise cette vieille recette hollywoodienne consistant à confier les rôles principaux à un couple de cinéma mythique. C’était le cas de Fred Astaire et Ginger Rogers, Bogart et Lauren Bacall, Myrna Loy et Dick Powell - ces comédiens hauts en couleurs qui jouaient des rôles différents mais qui restaient de fortes personnalités. Je trouve cette idée merveilleusement romantique et j’avais l’impression que Ryan Gosling et Emma étaient les acteurs qui s’en rapprochaient le plus », explique Chazelle.
Prochaine étape, les Oscars
Gosling, qui a déjà reçu une nomination aux Oscars, affectionne la comédie musicale : « J’étais très intrigué par le fait que Damien souhaite s’inscrire dans la grande tradition des films de Fred Astaire et Ginger Rogers ou de Gene Kelly, car ce sont justement les comédies musicales qui me touchent », reconnaît l’acteur. « C’était d’autant plus merveilleux qu’il veuille faire un film dans ce style-là que j’avais moi-même secrètement envie de tourner un long métrage du même genre ».
Il était également séduit par son personnage, Sebastian. Celui-ci a consacré sa vie à devenir un grand pianiste de jazz mais il finit par comprendre que cette époque est révolue. Mais lorsqu’il rencontre Mia, il sent presque immédiatement que son destin est prometteur et l’aide à réaliser ses rêves. Pour jouer ce rôle, Emma Stone a dû relever un défi considérable. En effet, elle campe une jeune femme dont les ambitions et les sentiments sont modernes, mais qui doit d’un instant à l’autre se mettre à danser et chanter à la manière des comédies musicales d’antan.
L’aspiration de Mia à connaître un parcours hors du commun a résonné chez la comédienne : « Elle est animée par une ambition dont elle n’a pas forcément conscience », explique-t-elle. « Elle veut devenir actrice dans une ville où tant de gens ont le même rêve. Elle a le sentiment de posséder un petit quelque chose que d’autres n’ont pas, sans savoir ce que c’est. Je m’identifie à son désir de devenir comédienne et de passer des auditions mais, surtout, c’était exaltant de propulser le personnage dans cet univers musical où l’on peut tout à coup sautiller dans la rue ou se mettre à chanter ».
Après son triomphe aux Critics Choice, le film vient de recevoir sept nominations aux Golden Globes, avec les critiques dithyrambiques. Us Weekly a salué un « magnifique hommage à l’âge d’or des comédies musicales hollywoodiennes », tandis qu’ Entertainment Weekly qualifie La La Land « d’incroyablement ambitieux et passionnant ». Le film fait désormais figure de favori pour la 89e cérémonie des Oscars, avec une annonce des nominations prévue le 24 janvier prochain. Mais pour voir le film sur grand écran, il faudra patienter jusqu’au 25 janvier…
Romain Fournier