KÖfi

De la poésie, du décalage, de l’humour et de la finesse… Le tatoueur et artiste Kôfi a un style bien trempé et une véritable identité! Nous sommes partis à la découverte de cet artiste qui se cache derrière ce pseudo.

Les tatoueurs sont des artistes d’un nouveau genre. De plus en plus nombreux, ils ont tous LA fibre artistique et une envie de dessiner qui dépasse l’entendement. Du haut de ses 34 ans et de ses milles et une créations, kÖfi s’est prêté au jeu de l’interview pour MokaMag. Focus sur cet artiste pluridisciplinaire.
kÖfi a toujours dessiné. Enfant, c’était un passe-temps, qui s’est peu à peu transformé en vraie passion, pour être aujourd’hui son travail et sa vie. Après un parcours scolaire assez banal, kÖfi se lance sur une longue autoroute vers l’ennui... Le Bac en poche, KÖfi effectue un bref passage à l’Ecole d’Arts Appliqués de Chambéry, puis un autre à l’école des Beaux Arts d’Annecy. KÖfi cherche sa voie et c’est un peu par hasard, au détour d’une ruelle qu’il devient tatoueur et s’installe à Strasbourg avec sa femme, où ils travaillent ensemble à «Baron Samedi».
Touche-à-tout, ses spécialités oscillent entre le tattoo graphique, la peinture et le street art, autant de techniques qui lui permettent de s’exprimer. Au menu des mille et une choses qui l’inspirent, on retrouve la culture hip-hop des 90′s, les films de Terry Gilliam, l’artiste américain Basquiat, l’art de la propagande soviétique, mais aussi des peintres bien plus classiques tels que Ingres et bien d’autres.
Travailleur acharné, kÔfi consacre ses journées au tattoo et ses soirées à ses dessins, le tout toujours en musique. Un seul et même travail finalement, qui lui est impossible de dissocier : le dessin et le tattoo restent étroitement liés, où la seule différence réside dans le sujet. L’explication est simple, kÔfi a forcément plus de liberté dans le dessin, puisque pour le tattoo, le client est roi.
Ses dessins ne sont pas figuratifs, ils sont souvent « gratuits » et parlent d’eux-mêmes. Ils sont une simple retranscription d’une envie, d’une idée, d’une blague. La preuve en images.
kÔfi utilise aussi bien la peinture, que l’acrylique, les bombes et les marqueurs. Mais notre artiste n’attache pas grande importance aux outils : « ils ne sont qu’accessoires, la création est le plus important, qu’importe ce que tu utilises ».
Véritable tatoueur, kÔfi en a fait sa vie, sa profession et son gagne-pain. Travaillant en collaboration avec bien d’autres artistes dans le shop de Didier Jornod, il s’est fait une place dans le métier et s’octroie alors une liberté totale pour tout le reste. C’est en parallèle qu’il continue à peindre et à faire du graphisme, quand l’envie lui prend, et surtout quand le temps libre lui permet !


INTERVIEW
D’où vient ton pseudo? Son origine ? Sa signification ? Que veut dire « Auber subjekt factory» ?
kÖfi vient de l’époque ou je graffais il y a une dizaine d’année, sa signification est assez basique, j’ai une addiction à la caféine. « Auber Subjekt » est une traduction approximative de « hors sujet ». C’est la chose que l’on m’a le plus souvent dit durant mon parcours scolaire…
Comment tu en es arrivé là ? Peux-tu nous raconter un peu ton parcours ?
Un parcours scolaire banal et surtout chiant, je suis allé jusqu’au bac. Je suis entré ensuite en école d’Art Appliqué à Chambéry où j’ai fait un an et demi et d’où je me suis fait renvoyer parce que je ne correspondais pas au «moule» de l’école. Ensuite je suis rentré au Beaux Arts à Annecy où je suis resté 6 mois car je n’étais pas à ma place là bas. Lorsque j’étais en art appliqués, on me disait que mon travail était trop plasticien, et en art plastique que mon travail était trop illustratif, j’ai donc claqué la porte et décidé de faire mon propre truc de mon côté. C’est un peu après que je suis devenu tatoueur, un peu par hasard et beaucoup par chance. Un ami commun avec Xoïl (needles’side Thonon-les-bains) m’a dit qu’il cherchait un apprenti avec un style « personnel ». J’y suis allé avec mon book et pouf ça a démarré. Je suis arrivé après à Strasbourg pour y vivre avec ma femme, où on travaille ensemble à «Baron Samedi» je tattoo et elle perce et gère mes mails, un travail d’équipe où c’est elle la meilleure !
Tu es tatoueur, tu touches aussi au graphisme et au street art ? Comment trouves-tu le temps de conjuguer les 3 ?
J’essaye mais ça n’est pas facile... Ces derniers temps, le tattoo me prend la presque totalité de mon temps, du coup le graphisme et le street art ou la peinture passe un peu au second plan. Mais je pense que pour 2015 je vais essayer de me libérer un peu plus de temps car j’ai besoin de ces créations libres.
Est-ce qu’un client peut te soumettre ses envies ou ne travailles-tu qu’avec tes propres dessins?
Il m’arrivent de proposer des dessins quand j’ai un peu de temps pour bosser des « flashs » mais la plupart du temps les gens viennent me voir avec des idées assez précises tout en me laissant la liberté de les illustrer.  Je n’aime pas travailler avec une totale carte blanche, ce n’est pas à moi d’imposer ce dont j’ai envie, ce n’est pas moi qui porterai le tatoo par la suite. Ils me parlent de leurs envies et on travaille ensemble pour faire le motif le plus efficace possible. Pour résumer, on peut dire que c’est leurs idées et que c’est mon dessin (et mon style).
Quel est l’artiste dont tu admires et respectes le plus le travail ?
Le premier qui me vient à l’esprit est Basquiat, et ensuite Alexöne. J’aime leurs univers et l’impression de dessin brut et instinctif qu’ils transmettent.
Quelles sont tes influences?
Mes influences sont assez diverses, la culture hip hop des 90’s, Basquiat, l’art de la propagande soviétique, des peintres classiques tels que Ingres, Magritte, Picasso, les Situationnistes, les films de terry gilliam, ma femme, mes potes, le street-art et pas mal d’autres trucs que j’oublie certainement.
A travers tes œuvres défends-tu quelque chose ?
Pas tellement, elles sont toujours assez primaires et bruts, ça part souvent d’une idée simple ou d’une punch line. On doit pouvoir ressentir mes sensibilités en regardant mais ce n’est pas ce que je mets en avant. Les traits de caractère, mon passif, mes opinions font partie intégrante de mon «style».
Comment définirais-tu ton style ?
On me range généralement dans le style «graphique» en tattoo, mais toute image est graphique par définition. Je préfère dire «alternatif» dans le style et le sujet. Je préfère proposer un vision décalée et autre. On adopte ou pas, mais j’aime jouer et briser les codes.
Ton projet du moment ? Des projets à venir ?
Pour le moment, je me consacre au tattoo, j’aime beaucoup ce média et sa façon de propager une idée. Mais je vais privilégier un peu plus la peinture en 2015. J’aimerais bien faire aboutir quelques projets d’expos qui me trottent dans la tête.
A quelle question voudrais tu répondre ?
À « Ça va ? » et je dirais « Oui pas mal merci ! »
Que faut il te souhaiter cette année ?
Que ça continue comme ça, ça m’irait très bien. Que je continue à avoir cette liberté de création dans le tattoo, que les gens continuent à venir me voir et passer une bonne journée. J’aimerais vraiment réaliser mes projets d’expos ; et revenir aussi au graphisme de pochettes d’albums. A bon entendeur ; je suis par là…