Des textes fins comme de la dentelle, une voix cristalline… Juliette Armanet se trouve à mi-chemin entre Véronique Sanson et William Sheller. Avec son album Petite amie, l’auteure-compositrice et interprète nous redonne envie d’écouter la variété française.
Vous dites avoir mis du temps à trouver votre vraie voix…
À l’âge de 23 ans, j’ai sorti une espèce d’album qui s’appelait Ma boucherie amoureuse. Un album gueulard avec une voix tonitruante qui était complètement inaudible. J’ai détesté l’entendre. J’ai eu le déclic en composant la chanson Manque d’amour. Je suis montée dans les aigus et j’ai trouvé drôle de faire danser ma voix, de la faire rebondir. C’était féminin, sensuel et plus naturel.
Le dernier album s’intitule « Petite amie ». Pourquoi ?
Autour de l’expression petite amie, il y a un côté adolescent, une image de l’amour délié de la notion de couple, de fidélité. C’est le sentiment amoureux du tout premier élan, de l’amour qu’on découvre comme un goût, une couleur. Je trouve archi romantique ce type d’amour adolescent qui envahit tous les pans de la vie, qui prend toute la place. J’aime le côté eau de rose, la mèche de cheveux, le baiser sur la lettre, tous les clichés du romantisme. La facette érotique du 3615 Petite amie m’intéressait aussi. Inconsciemment, c’est peut-être moi la petite amie… du haut de mon mètre cinquante-huit !
Romantisme et quotidien font-ils bon ménage ?
J’aime que le quotidien amoureux soit pleins de rebondissements, de rendez-vous fiévreux et d’inconstance. Je fais en sorte qu’il soit toujours un peu mouvementé, ce qui doit être un peu fatigant pour ma moitié. Mais j’ai besoin que le sentiment amoureux soit inspirant, que l’on continue de s’écrire, de s’offrir des cadeaux, de faire des tête-à-tête. Ce qui m’intéresse dans l’amour, c’est tout le folklore qui va avec, même s’il est vu et revu.
Quel conte de fée aimeriez-vous vivre ?
Je me méfie des contes de fée. J’ai l’impression que celle qu’on aime n’est pas la princesse mais le personnage qui se tient en embuscade. Les plus attirants sont les rôles à contre-emploi, les méchants qui viennent semer la pagaille. D’ailleurs, tout l’intérêt du conte de fée c’est que quelqu’un l’empêche d’exister. À partir du moment où l’histoire se réalise, où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfant, ça n’intéresse plus personne.
Que feriez-vous d’un coup de baguette magique ?
J’aimerais savoir jouer d’autres instruments que le piano. J’adorerais être bassiste ou excellente guitariste. Ce serait le rêve absolu d’être Prince, juste pour une nuit.
Avec qui rêveriez-vous de faire un duo ?
La bonne vieille Mariah Carey des années 90. J’ai réécouté récemment quelques-uns de ses titres, elle chantait sublimement. En plus, elle était hyper mignonne avec ses cheveux frisés et ses petits shorts en jean.
Pour qui aimeriez-vous écrire une chanson ?
Pour Christophe. Je trouve qu’il a une manière de chanter tellement particulière… J’aimerais entendre mes mots dans sa bouche. Ce serait étonnant, sûrement loin de ce que j’aurais imaginé. Il casse les mots, les fait traîner. J’ai l’impression que ça pourrait me surprendre.
Votre titre Star triste semble taillé sur mesure pour Eddy Mitchell…
Aaaaaah ! Je vais bientôt enregistrer Couleur menthe à l’eau avec lui pour une émission. Je suis hy-per contente ! Star triste, oui, elle est complètement taillée pour lui. J’espère lui faire écouter et je rêve qu’il la chante. Je me suis carrément mise dans sa peau pour l’écrire, j’entendais sa voix en la composant. J’ai même hésité à la mettre sur le disque parce qu’elle est vraiment très spéciale.
Vous aimez autant Ophélie Winter que Debussy, paraît-il…
Absolument. Comme disait Barbara, si la chanson est bonne, elle est bonne. Il n’y a pas à se poser 3000 questions. La musique est un art très instinctif qui ne souffre pas de pédagogie particulière. C’est difficile de se mettre à aimer une chanson parce que quelqu’un nous en parle, nous explique le contexte, le pourquoi du comment. La musique est un art qui parle à l’âme sans intellectualiser, qui laisse la place à l’éclectisme.
Propos recueillis par Nathalie Truche