Du 15 oct. au 25 nov. 2024
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Julien Gaquère (Jigé) est un artiste plasticien né en 1987, qui vit et travaille à Roubaix. Reconnu pour son univers joyeusement régressif, Jigé fait partie de cette génération d’artistes dont la vocation est née au contact de ceux qui deviendront ses pairs, lorsqu’il choisira de se consacrer entièrement à son parcours d’artiste. Dès 2014, il prend ainsi ses marques dans le monde artistique, galvanisé par la dynamique retentissante de la scène roubaisienne.
À travers un regard amusé et rempli de sarcasmes, il développe une pratique proche de l’illustration narrative en composant des dessins d’accumulation aux couleurs survitaminées. Ses assemblages graphiques peuplés de personnages loufoques, prennent vie dans une série de narrations, dissimulant à coup sûr, d’impertinents détails.
Crédit photo : Cancan, 2021 Acrylique sur toile de lin © Julien Gaquère (Jigé)
Sous un trait franc et maîtrisé, que l’on associera à une pratique d’écriture automatique, il met en scène des représentations au style unique, abritant dans leur généreuse densité, des micro-récits à lire comme des billets d’humeur. Jouant sans y prétendre, avec le regard distrait du spectateur, ces œuvres à priori naïves, méritent que l’on y revienne afin d’en capturer de nouveaux étonnements.
Influencé par le design graphique et les écritures urbaines, il expérimente les techniques, contextes et formats avec une volonté toujours plus affirmée de recourir aux procédés traditionnels (sérigraphie, gravure, travail du bois et du métal).
En studio ou in situ, Jigé célèbre avec spontanéité, les contours d’un imaginaire singulier et jubilatoire dans une approche libérée et pleine de vie.
Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?
Je m’appelle Julien Gaquère, j’ai 34 ans, je suis artiste plasticien depuis maintenant 4 ans. Je vis entre ma région natale, le Nord de la France, et le Vaucluse où je réside la moitié du temps à l’Isle sur la Sorgue. J’ai eu une première vie professionnelle dans le commerce, durant une dizaine d’années pendant lesquelles je travaillais ma peinture de manière autodidacte. Il y a 4 ans j’ai décidé de me consacrer à plein temps à ma pratique artistique en prenant mon premier atelier. Très tôt, j’ai pu collaborer avec de grandes marques et compter sur le soutien de collectionneurs qui m’ont permis de réaliser des œuvres de commandes personnalisées. Aujourd’hui, je développe un univers créatif arrondi, coloré et joyeux, en travaillant le plus souvent sur toile, papier ou encore in situ à l’occasion de projets dans la ville. Je laisse une place importante à l’expérimentation de nouveaux supports, de nouvelles pratiques. En ce moment je consacre une partie de mon temps aux techniques de modelage et de sculpture sur terre.
Crédit photo : V2àJ-2, 2021 Tirage pigmentaire sur papier Hanhemühle Turner 310gr © Julien Gaquère (Jigé)
Quel est ton processus de création ?
Je crayonne quotidiennement des dessins spontanés dans mes carnets, pour trouver de la fluidité dans mon geste et dénicher de nouvelles formes qui seront tôt ou tard insérées dans mes dessins. J’ai également beaucoup de notes écrites sur mon téléphone, des idées qui me traversent l’esprit, des couleurs, des photos d’objets du quotidien. Tout ça mijote et je vais piocher le moment venu dans ces ressources pour entamer un nouveau projet et construire progressivement une histoire originale, souvent composée de centaines d’éléments enchevêtrés. Derrière une apparence plutôt chaotique se cache en réalité une structure très rationnelle qui s’appuie sur des principes mathématiques comme la suite de Fibonacci et le nombre d’or. Cela permet de maintenir un équilibre dans la densité de formes et de couleurs. J’accorde d’ailleurs beaucoup de temps au choix de la gamme chromatique. Cette complexité crée une dynamique au sein de la toile. J’en profite pour cacher quelques clins d’œil qui ne se devinent pas au premier regard. Les acquéreurs peuvent encore être surpris, même plusieurs années après avoir accroché leur toile…
Quelles sont tes influences, tes sources d’inspiration ?
J’aime observer ce qui se fait aujourd’hui dans la mode comme le retour aux couleurs pures, les nuanciers années 90 le jaune, le mauve, le turquoise… J’ai une attention particulière envers les modes de vie alternatifs, le minimalisme et l’optimisation de l’espace. Les tiny houses et l’architecture épurée sont des sources positives à mes yeux en ce moment. Je suis plus formellement influencé par la figuration libre, Combas, Di Rosa ou encore la créativité débridée de Kusama, mais aussi l’esthétique des films de Wes Anderson.
Crédit photo : Combo Tirage pigmentaire sur papier Hanhemühle Turner 310gr © Julien Gaquère (Jigé)
Comment décris-tu ton style ?
Coloré, saturé, fourmillant.
Quel est le moment le plus marquant dans ta jeune carrière ?
En 2015, le PDG de Mondial Relay a remarqué mon travail lors d’une exposition collective et m’a commandé une œuvre de 3x2 mètres ainsi que 650 reproductions de cette dernière qu’il offrira à chaque salarié du groupe. Ce fut un moment charnière. J’ai quitté mon emploi et à partir de là, tout s’est enchaîné. J’ai pu commencer ma seconde vie professionnelle, exclusivement dédiée à ma pratique artistique.
Y-a-t-il un message que tu souhaites faire passer à travers ton art ?
Le message se situe peut-être davantage dans ma démarche et le parcours que j’ai entrepris plutôt que dans mes œuvres. Faire un choix, s’accrocher, travailler (beaucoup), s’écouter et tout mettre en œuvre pour accomplir ses rêves, ses ambitions. Pour ma part, je recherchais une forme de liberté et ce sont mes créations qui m’ont permis d’y accéder.
Tes prochains projets ? Ton projet rêvé pour cette année ?
Parallèlement à mes explorations en atelier, je travaille sur des collaborations événementielles, notamment pour la sortie d’un scooter électrique par une grande marque allemande, un projet de création immersive aux côtés d’un photographe parisien. Une exposition à Londres est également dans les tuyaux et le lancement de ma boutique en ligne où l’on retrouvera des œuvres originales, des éditions et des productions plus expérimentales. Pour cette année, j’aimerai arriver à voyager un peu plus pour enrichir ma palette et mettre en place un projet collaboratif avec des artistes qui m’inspirent.
Propos recueillis par Carole Cailloux
