Pierre-Emmanuel Barré signe son grand retour sur scène avec son nouveau spectacle, « Come-Back ». Réputé pour son humour incisif, oscillant entre la critique sociale et la comédie, il ne cesse de captiver un public toujours plus large avec son style inimitable. Devenu une figure emblématique de l'humour français, Barré s’apprête à enflammer les scènes lors d’une tournée très attendue. Il se produira à Genève le 8 mars prochain au BFM, et le 18 avril au Radiant à Lyon. Rencontre.
Pierre-Emmanuel Barré, bonjour ! Dans votre nouveau spectacle « Come Back », vous êtes un humoriste has-been en 2031. Qu’est-ce qui vous a poussé à imaginer ce scénario ?
L’optimisme. Je me suis dit que je serais ringard en 2031, mais j’ai bien peur d’avoir vu trop large. Je suis déjà ringard pour les « djeunes », d’ailleurs la preuve, je dis « djeunes ». C’est pas ringard ça peut-être ? Et puis je voulais faire une dystopie pour pouvoir placer le mot « dystopie » en interview parce que ça donne l’air intelligent.
Quels sujets abordez-vous dans ce nouveau spectacle ?
Au début, je voulais faire une comédie musicale sur la tentative de coup d’état au Burkina Faso en 2015, mais mon metteur en scène m’a dit que tout le monde s’en foutait et la prod a refusé de payer pour 500 antilopes. Du coup, c’est plutôt une réflexion sur l’humour, son utilité, ou plutôt son inutilité, la relation avec le public, les gens qui puent des pieds, les réseaux sociaux, la ventriloquie, les abeilles et l’accident de Bruno Retailleau. Ça coûte moins cher et c’est plus mobilisateur.
Complétez cette phrase : quand on met deux politiciens dans un sandwich, le troisième, il...
Surement pas malheureux ! C’est la meilleure blague du spectacle, je vais pas vous dire la chute, sinon, elle marchera plus dans le spectacle !
On vous décrit comme noir, misogyne, vulgaire, politiquement incorrect, anarchiste et graveleux. Que répondez-vous à cette fine analyse ?
C’est même pas vrai, la preuve, j’ai écrit une dystopie. Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens graveleux qui écrivent des dystopies ? Non. Les gens qui écrivent des dystopie sont élégants, respectueux et raffinés.
Sur l’affiche de votre spectacle, vous vous êtes vieilli. Qu’est-ce que cela raconte de votre relation au temps ?
J’ai pas de relation au temps, c’est le temps qui a une relation avec moi, et elle est pas du tout consentie. Le temps, il est pas du tout woke. Eh le temps, on est en 2024, bordel. Déconstruis toi un peu, merde !
Comment souhaitez-vous que le public réagisse à votre spectacle ? Des rires, des larmes, des réflexions profondes ou juste des gens qui se demandent si un sandwich au jambon est plus drôle qu'un politicien ?
Ah, ben je veux que ça rigole, sinon c’est l’arnaque. Moi, quand je vais voir un humoriste et qu’il fait un spectacle émouvant, j’ai envie de le poignarder à la sortie.
Dans ce spectacle, il y a deux ou trois minutes au début ou les gens sont un peu déstabilisés, parce que la forme est très particulière, ça commence par quelque chose de très théâtral qui évolue rapidement et ils ne sont pas habitués à ce que je fasse ce genre de chose.
Mais dès qu’ils rentrent dans le truc, ça rigole jusqu’à la fin et moi, je suis content. Parce que quand les gens rigolent, je suis content. Quand ils tombent de façon rigolote aussi, mais ça, c’est parce que je suis taquin.
Parce que quand les gens rigolent, je suis content.
Vous avez connu un grand succès avec vos vidéos pendant le confinement. Est-ce que les réseaux sociaux ont encore un impact sur votre manière d’écrire, ou cela ne reste-t-il qu’un lointain souvenir ?
Ça joue forcément un peu, c’est tellement présent que c’est devenu la seule façon de s’informer pour plein de gens et pour nous, c’est la meilleure façon de communiquer. C’est super difficile de faire notre métier sans passer par là. Après, je fais pas mon influenceur a poster 10 fois par jour, ça me fait chier, et j’ai pas envie de faire du « reach » pour « susciter de l’engagement » auprès de ma « commu » en gardant le contact avec ma « fanbase » j’ai pas ce besoin d’amour maladif et c’est tant mieux. Par contre, j’ai besoin d’argent, et grâce aux réseaux sociaux, les gens savent où je joue pour venir me donner le leur.
Si vous deviez donner un conseil à un jeune humoriste qui rêve de faire carrière, quel serait-il ?
Faites des études de commerce pour avoir un plan B.
Y a-t-il un humoriste que vous ne supportez pas ? Racontez-nous, on ne jugera pas !
Y en a plein, et j’imagine qu’il y en a plein qui m’aiment pas.Mais je vais plutôt vous parler du meilleur d’entre nous : Chris Esquerre. Chris, je t’aime.
Alors, pourquoi devrions-nous aller voir « Come-Back » ? Qu’est-ce qui va nous faire sortir de chez nous en 2031 ?
Franchement, vous êtes pas obligés de venir, si vous venez pas, la production va peut-être enfin comprendre qu’une comédie musicale sur la tentative de coup d’état au Burkina Faso en 2015, c’était une bonne idée et en 2031, vous pourrez venir voir un spectacle incroyable avec 500 antilopes et Taylor Swift dans le rôle du capitaine Ibrahim Traoré. Elle a pas encore dit oui, mais c’est un rôle qui ne se refuse pas.
Vous avez quitté Paris il y a presque 10 ans pour vous installer près d’Anduze. À quoi ressemble un week-end chez vous quand vous ne jouez pas ? Du yoga ? De la musique ? De la rando ?
Je fais des kaplas. Je ne suis pas sûr que je ferais des kaplas si je n’avais pas d’enfants, mais bon. Maintenant, y'a plus le choix, alors je joue aux kaplas.
Pour finir, un petit jeu rapide : si vous étiez…
• Une chanson ? « Ah les crocrocrodiles » c’est la meilleure bande son pour jouer aux kaplas
• Un livre ? « En Route, mon projet pour sauver la France » de Pierre-Emmanuel Barré et Arsen
• Une chanteuse ? Taylor Swift dans son rôle de Ibrahim Traoré
• Un animal ? 500 antilopes
Propos recueillis par Carole Cailloux