Le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH) se déroulera à Genève du 8 au 17 mars prochain. Pour mieux comprendre cet événement et décortiquer sa programmation, nous avons rencontré Laila Alonso Huarte, co-directrice éditoriale.
Dans un premier temps, pourriez-vous présenter le festival aux lecteurs qui ne le connaîtraient pas encore ?
C’est un festival qui existe depuis 22 ans et qui a été créé en parallèle du Conseil des Droits de l’Homme de manière à faire écho à ses thématiques auprès de la société civile. Le festival est porteur d’une double mission : sensibiliser et apporter des clefs de compréhension sur des situations souvent très complexes ayant trait aux droits humains. C’est en quelque sorte une rencontre entre des idées et un art, qui est celui du cinéma, autour duquel s’anime des discussions portées par des activistes, des artistes, des associations. Ce sont des personnes engagées qui cherchent des solutions collectives, et qui ont à cœur de partager leurs combats auprès d’un large public. Du côté des films projetés, nous comptons aussi bien des documentaires que des fictions inspirées de faits réels, et depuis un an une sélection adaptée est proposée à un jeune public.
La raison d’être du festival : créer des discussions accessibles à tous ceux qui souhaitent s’informer
Quelles sont les thématiques de l’édition 2024 du festival et comment les avez-vous définies ?
Comme toujours, nous abordons des sujets très vastes, dans un désir de toucher aux nombreuses problématiques de notre époque. Mais au cœur de la programmation de cette année se trouve l’acte de résistance collective qui se décline de nombreuses façons. Parmi celles-ci nous distinguons quelques grands thèmes : le recul des libertés dans des pays tels que la Russie, mais aussi la liberté des femmes, avec un focus sur leur situation en Afghanistan. Le racisme systémique dans les institutions de police sera aussi abordé, tout comme les conflits oubliés ne trouvant pas toujours leur place dans notre actualité. Enfin, on peut aussi noter que la question climatique se trouve au centre de plusieurs films, tout comme celle de l’intelligence artificielle, et que le conflit opposant Israël à la Palestine sera un sujet central. Ce sont des thématiques très diverses, mais elles reflètent les nombreuses problématiques auxquelles les populations du monde font face aujourd’hui, parfois sans que nous en ayons conscience.
Ce sont des sujets vastes et souvent complexes, pensez-vous que le médium du film est un atout pour permettre à un large public de mieux le comprendre ?
Sans aucun doute. Nous avons conscience que ces thématiques sont souvent méconnues du plus grand nombre, mais les films que nous projetons permettent à tous de mieux comprendre ces problématiques qui sont ici racontées par des personnes les vivant au quotidien. Dans les fictions, nous nous identifions aux protagonistes qui vivent ces situations, dans les documentaires on nous raconte ces histoires. Mais peu importe la forme, dans les deux cas l’émotion et l’information sont au centre de tout. Et nous avons bien évidemment conscience que la majorité de nos spectateurs ne sont pas familiers de ces problématiques, mais c’est justement la raison d’être du festival : créer des discussions accessibles à tous ceux qui souhaitent s’informer. Qu’il s’agisse de la projection ou des conférences leur faisant suite, aucune connaissance n’est requise pour comprendre le sujet. Justement, l’idée est de parler des droits humains, de dire que tout le monde fait partie de la solution, que tout le monde peut contribuer à imaginer un monde meilleur.
Pouvez-vous nous donner quelques pistes des incontournables de cette édition ?
Personnellement, j’ai été marquée par de nombreux films, mais pour en citer quelques-uns seulement je dirai tout d’abord « Bye Bye Tibériade » qui dans une approche très intimiste interroge sur les causes de départ des exilés de Palestine. C’est un film très touchant qui nous en apprend beaucoup sur l’histoire de cette nation. « Between the rains » approche quant à lui la question du changement climatique dans une petite communauté du Kenya. Pour en citer encore deux, « Il reste encore demain » et « Green border » sont deux fictions qui m’ont particulièrement marquées. Mais à mes yeux tous ces films ont leur importance et méritent d’être vus.
Propos recueillis par Aurore De Granier