Publié le 1 décembre 2021
Imany
Crédit photo : © Eugenio Recuenco

Imany

Voix envoûtante et magie des cordes
Musique
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Blues, Folk, Soul, Interview

Après une parenthèse de cinq ans pour se consacrer à sa vie de maman, Imany revient avec Voodoo Cello, un album de reprises dans lequel l’auteure-compositrice-interprète s’entoure d’un octet de violoncelles. Une chanteuse et huit violoncellistes pour un spectacle ensorcelant. 

Comment s’est passé votre retour après cette longue pause ? 
En douceur. La période de confinement m’a laissé du temps avec mon bébé, après mon accouchement. Je me suis reposée puis l’envie de faire un spectacle m’est venue. J’avais l’espace pour le préparer. Tout s’est passé très naturellement. 

Vous n’aviez pas peur que le public vous oublie ? 
Non, j’étais trop occupée pour y penser. Et puis, j’essaie de gravir la montagne sans regarder le sommet. On travaille sur la proposition artistique et on voit comment elle est reçue. On espère avoir  laissé une impression suffisamment marquante pour que, lorsque votre nom revient, les gens aient envie de vous revoir. C’est un pari qu’on fait avec la vie. J’ai même retrouvé un nouveau public car je joue sur des scènes nationales, des institutions qui ont des abonnés. Ce public n’a pas forcément entendu parler de moi. J’ai les spectateurs qui me connaissent déjà et ceux qui me découvrent. C’est chouette de se trouver dans une dynamique où il faut convaincre les gens.   

Un album de reprises avec des cordes, d’où vient l’idée ? 
Un peu comme toutes les idées, sans la chercher. Il y a sept ans, j’avais écouté les Vitamins String Quartet, un quatuor de cordes américain qui fait des reprises instrumentales de titres pop, comme Muse, Queen… J’avais trouvé génial qu’à quatre, ils arrivent à gronder, à offrir une lecture différente tout en relevant les accords à la note près. Je me suis dit « tiens, tout ce qui manque est une voix ». Et puis, je suis allée voir un octet de violoncelles et j’ai été subjuguée par la versatilité, la magie qui s’en dégageait. Le projet s’est concrétisé avec le temps. 

Pourquoi le choix du violoncelle ? 
C’est mon instrument préféré et, selon la façon dont il est joué, il peut sonner très moderne. On dirait qu’il a des ressorts cachés, quelque chose à l’intérieur, comme une âme coincée dedans. Le violoncelle peut sonner comme une guitare disto, des petits animaux, des chœurs, des sirènes d’ambulance… Dans l’album, il y a zéro trucage. Nous nous sommes vraiment inspirés des contraintes que représentait la production d’un son avec huit violoncelles seulement et rien d’autre. Ce travail a été mère de créativité.  

Comment se traduit ce travail sur scène ?  
Les gens qui me connaissent savent que mes spectacles sont une véritable expérience. Ce n’est pas un concert de pop ou de variété lamba. On n’arrive pas en disant « bonjour Genève, comment ça va ? Ce soir on va sauter, danser, pleurer… »  On ne dicte pas au public quoi faire. C’est une vraie mise en scène, avec une histoire, celle de cette prêtresse vaudou qui raconte sa vie, son parcours intérieur à travers les titres des autres. Ses vaudous sont ses musiciens qui apportent une chanson à chaque tableau. On commence par un état sombre et on finit vers la lumière et la joie. Vers l’espoir auquel chacun aspire.

L’octet doit jouer en bougeant : un défi pour lui ? 
C’est un travail de deux ans qui a été très dur pour eux. On leur a presque demandé d’oublier tout ce qu’ils avaient appris et de s’ouvrir à de nouvelles possibilités. Ce n’est pas si simple d’obtenir le même champ vibratoire tout en les faisant sonner différemment. Ça n’a pas été simple non plus de les faire jouer debout, en dansant, en bougeant, avec la problématique de justesse que cela peut entrainer. Donc tout est précaire chaque soir. Il y a eu de la résistance à chaque étape. Mais je pense que personne ne le regrette. Certains me disent ne plus pouvoir répéter chez eux assis… Ils vivent une micro-révolution à l’intérieur. 

Comment avez-vous sélectionné les chansons ?
Au départ, j’ai choisi les morceaux par coup de cœur. Pour « Total eclipse of the heart » de Bonnie Tyler, je savais qu’avec les violoncelles, on lui rendrait justice. Ce titre est très proche de mon enfance, il a un rapport direct avec mon amour de la chanson, avec la raison pour laquelle j’aime chanter. Beaucoup de chansons ont un lien avec qui je suis et ma construction d’artiste. D’autres ont été sélectionnées car elles participent à ma construction de femme. C’est avec des morceaux qui racontent qui j’ai été, qui je suis et qui j’ai envie d’être, que j’ai commencé à écrire la trame. Et ça a fonctionné. 

Les reprises sont facilement reconnaissables. C’est un parti pris ? 
Complètement. La force d’une chanson repose d’abord sur sa mélodie et ensuite les textes. En changeant la mélodie, on massacre les souvenirs des gens, leur connexion avec la chanson. Je déteste quand les gens changent la mélodie, sauf si c’est mieux. Mais quand on reprend des titres iconiques comme « I’m still standing », il faut se lever tôt pour faire mieux qu’Elton John. Je n’ai même pas envie de prendre ce risque-là. Si on garde ce qui est cher au cœur des gens, en ne changeant que la robe, le public est plus ouvert à l’écoute. Ce qui m’intéresse, c’est apporter ma lecture. 

Est-ce qu’un titre vous touche particulièrement ? 
Tous suscitent une émotion en moi. Je me souviens du temps où je chantais « Total eclispe of the heart » en allant acheter le pain. À l’époque, je chantais en chewing-gum bien sûr, parce que je ne parlais pas encore anglais. J’avais des complexes avec ma voix mais ça m’était égal que des gens que je ne connaissais pas m’entendent. Ça me rendait tellement heureuse de pouvoir chanter dans la rue. Écouter ma version me fait comme une rétrospective sur mon parcours et m’émeut. Les Américains traduisent reprises par « tribute » et cela reflète ce que je voulais faire : un album pour rendre hommage.  

 

Propos recueillis par Nathalie Truche 

Crédit photo : © DR

Imany - en concert le jeudi 27 janvier 2022 au Victoria Hall à Genève

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