Si la rumeur enflammée accompagnant l’éclosion de ces 2 lumineuses jumelles ne s’attardait pas sur le roman des origines - filles du célèbre percussionniste cubain Miguel Anga Díaz, membre du groupe « Buena Vista Social Club » disparu en 2006 - On aurait bien du mal à imaginer que la musique d’IBEYI est l’oeuvre de 2 jeunes Parisiennes…
A l’heure où la fusion d’effets et l’hybridation de genres sont plus qu’à la mode, l’apparition d’IBEYI (qui veut dire “jumeaux” en yoruba) a des allures de mirage sonore : une soul à 2 voix, tel des incantations Vaudou, posée sur un piano, des percussions afro-cubaines, quelques samples de hip-hop, et une électro délicate.
IBEYI ne ressemble pas aux autres. Ces 2 jeunes femmes au teint métisse, coupe afro géante pour l’une, yeux verts énigmatiques pour l’autre sont aussi fascinantes à regarder qu’à écouter.
Ces 2 sœurs ont signé avec le célèbre label XL Recordings2, qui compte parmi ses talents Adèle, XX, Radiohead, ou Jack White. Elles chantent en anglais et en yoruba, une langue africaine importée à Cuba au XVII siècle. Leur premier album IBEYI s’ouvre, a cappella, sur un air traditionnel de prière yoruba pour basculer rapidement vers les hauteurs et les édifices d’une pop baroque teintée de gospel (« Ghosts ») et de langueurs électroniques (« River »). Les bougies de leurs 20 ans à peine soufflées, ces jumelles françaises Lisa-Kaindé et Naomi Diaz livrent un premier album syncrétique et habité.
Lisa écrit, compose et joue du piano, Naomi joue des percussions : du cajón, caisse péruvienne, et du batá, tambour traditionnel yoruba. Très en voix, elles multiplient les cassures et sautent d’un registre à l’autre, parfois même à l’intérieur d’une chanson. Cet album, qui chante le deuil de leur père (Think of you, Mama says) envoûtant et très émouvant, est ancré dans son temps, et empreint de spiritualité. Très loin des diktats imposés par les charts, ce premier album tient de l’orfèvrerie électro soul.
Les 16 titres d’ IBEYI parlent d’amour, de mort, et de disparition « J’aimerais écrire sur la rue, sur une balade, sur quelqu’un qui m’a marquée, mais ça ne sort pas. Le sujet qui m’obsède, c’est l’amour » confie Lisa. Au début de chaque concert, les sœurs allument 2 bougies sur scène, elles chantent ensuite un Eleggua, une prière adressée à leur père et soeur disparus. Au-delà d’être l’oeuvre de 2 musiciennes passionnées et rompues aux exigences du conservatoire, ces 2 jeunes filles s’inscrivent aussi dans un héritage.