Il sort "Hyper Prolongations", une réédition de son premier album agrémentée de cinq nouveaux morceaux. Questions à Hervé, tout juste auréolé du titre de « révélation masculine de l’année » aux Victoires de la musique.
Qu’avez-vous ressenti aux Victoires de la musique ?
J’étais stupéfait. Je ne m’attendais pas du tout à recevoir le prix. C’était génial. Je n’avais rien prévu, pas de discours. Je me sentais heureux et très fier. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien et de fierté. C’était un moment fou.
Hyper est votre premier album.
Que représente-t-il pour vous ?
J’ai essayé de réaliser tous mes fantasmes. D’aller au bout des productions dont je rêvais, des influences que j’avais. C’est un album très personnel, que j’ai fait dans ma chambre. J’y suis allé le plus à l’instinct possible, j’ai tenté d’avoir une sorte de cohérence. J’ai vraiment tout donné dans cet album.
Vous avez travaillé seul ?
Oui, chez moi. J’ai appris la musique seul, avec mes claviers et mon ordinateur. J’ai fait l’album seul, tout comme l’EP et Prolongations.
Pourquoi ce titre ? Tout est hyper ressenti chez vous ?
Oui, je crois. J’ai toujours été hypersensible et hyperactif. Du coup, le mot hyper me correspond parfaitement. Le titre s’est imposé à moi comme une évidence. J’aime ce qu’il représente. Comme il me définit assez bien, c’est une bonne carte de visite pour un premier album.
Qu’avez-vous voulu ajouter à Hyper avec les 5 nouveaux titres ?
J’avais vraiment envie de commencer l’année 2021 en musique. Permis de construire est un titre que je portais en moi depuis un moment : ce break beat, ce côté jungle, ces accords me trottaient dans la tête depuis un certain temps. J’avais aussi à cœur de prolonger l’aventure d’Hyper. Ça a été une année compliquée, avec quatre tournées annulées. Pour faire découvrir ma musique, ce n’était pas facile. Du coup, il ne me restait que les réseaux sociaux et la musique pour continuer de partager et de faire mon métier.
Pour le single Monde Meilleur, vous avez mis vos fans à contribution. Racontez-nous…
Depuis longtemps, j’avais envie de faire un piano-voix avec une chorale sur un refrain. Avec le Covid, c’était impossible de réunir un chœur en France. Pourtant, je voulais cette texture-là. Quand je superposais ma voix, ça ne faisait pas un effet de groupe. Même multiplié par cent, ça ne fonctionnait pas. J’ai sollicité les gens qui me suivent et en récupérant leurs voix, j’ai trouvé le son dont je rêvais. C’est hallucinant, j’ai reçu 250 voix en une semaine seulement. D’autant que le processus technique était assez complexe pour eux : ils devaient enregistrer la voix à capella, au bon tempo, dans la bonne tonalité, avec les bonnes paroles, sur un titre qu’ils ne connaissaient pas, puis l’envoyer par mail… Bref, ce n’était pas simple. C’est fou et complètement à l’image de ce que les gens m’ont donné cette année, pour Hyper et pour Prolongations. Ce sont eux qui ont porté l’album et qui m’ont porté jusqu’aux Victoires de la musique.
J’ai appris la musique seul, avec mes claviers et mon ordinateur.
Sur un album, l’ordre des titres est important ?
Très. La liste s’inscrit dans l’écriture de l’album et elle est aussi très importante sur scène. Il y a un enchaînement d’émotions et de thèmes. D’autant que, dans mes productions, j’essaie de me renouveler le plus possible à chaque fois, le titre doit trouver sa place. Je voulais que Hyper et Prolongations puissent s’écouter d’un trait.
Hâte de reprendre les tournées ?
Je suis remonté sur scène en septembre, octobre et novembre derniers avec trois dates par semaine. Le public était assis et masqué mais ça a été incroyable, vraiment génial. Ça faisait un an que je n’avais pas joué : l’hiver dernier j’étais en studio pour sortir l’album en juin. Refaire des concerts a été un vrai bonheur pour moi, pour les équipes techniques et les musiciens. Quand on ne peut pas jouer, il manque une pièce au puzzle.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la scène électronique de Manchester en particulier ?
À un moment, les premiers synthétiseurs et les débuts de la musique électronique à Chicago ont traversé l’Atlantique pour se retrouver en Angleterre. À Manchester, il y a eu un gros cross over entre la pop, le rock, la musique électronique, la soul, le live… Ce mélange représente tout ce que je j’aime.
Vous aimeriez écrire pour les autres ?
Je fonctionne à l’instinct. Si le projet m’inspire, j’y vais direct.
Vous l’avez déjà fait pour Johnny Hallyday…
Ça a été un pur hasard. Je me trouvais au studio Yodelice de Maxime Nucci. J’étais là, en week-end. Il n’avait que des instrumentaux et pas de texte. Il m’a dit « si tu as des idées. Vas-y. Je pars lundi à Los Angeles, je lui ferai écouter ». En entendant les musiques, j’ai compris que c’était pour Johnny. Elles m’ont inspiré, je me suis lancé, mes paroles lui ont plu et il les a enregistrées. Ça s’est passé aussi simplement que ça. Je ne l’ai jamais rencontré !
Vous en avez bavé pour percer ?
J’ai commencé la musique sans connaître personne dans ce milieu, sans avoir aucun background dans ce métier. J’aime faire de la musique, j’y passe beaucoup de temps. J’ai énormément travaillé. Je suis un faiseur, un passionné, je propose ma production et après, c’est le public qui fait le reste de l’aventure.
Propos recueillis par Nathalie Truche