Du haut de ses 22 ans et après seulement deux titres - J’aime toucher vous et Fin du film - Hélène Sio à sorti le 5 novembre, un tout nouveau titre, magnifique : Je veux tout savoir - Retour sur une ascension fulgurante pour l’autrice, compositrice, interprète originaire de Narbonne.
Vous avez étudié le chant lyrique au conservatoire. Qu’en avez-vous retiré ?
Le conservatoire a été mon premier pied dans le chant. Il m’a appris à placer ma voix et le placement de ma voix lyrique m’a permis de chanter comme je chante aujourd’hui. Je pense que ça fait vraiment partie de ma « couleur », même si c’est un bien grand mot. Et puis, grâce au conservatoire, j’ai su que je voulais vraiment faire de la musique. Cette expérience m’a donné envie, profondément.
Quel souvenir gardez-vous de votre passage à The Voice ?
Un excellent souvenir. J’avais 16 ans, j’étais la plus jeune de la promo. J’ai été cocoonée, accompagnée pendant toute l’émission. Au même titre que le chant lyrique, mon passage à The Voice a été révélateur dans ma volonté de faire de la musique de façon sérieuse.
Que s’est-il passé entre cette première prestation télévisuelle et la sortie de votre premier titre ?
Entre les deux événements, presque six ans se sont écoulés. J’en ai profité pour passer mon Bac, faire des études qui n’avaient rien à voir avec la musique, prendre le temps de vraiment créer mes chansons, ce que je ne faisais absolument pas au départ. J’ai pris le temps de grandir, de me dire que je pouvais composer, de comprendre que mes compositions me convenaient, déjà à moi.
De quoi avez-vous besoin pour composer ?
De mon petit clavier branché à mon logiciel. Je le garde toujours avec moi. La solitude m’est aussi nécessaire. Je travaille seule, dans les conditions d’un ermite. Je ferme les fenêtres et ne les rouvre pas avant d’avoir terminé. Si je les ouvrais, j’aurais peur d’être tentée de faire autre chose. J’ai besoin de ce rituel : me lever, m’enfermer et savoir que pendant 4 ou 5 heures, je resterai concentrée à 100% et ne sortirai pas. À la fin de la journée, je me récompense en ouvrant les fenêtres et en allant marcher.
Comment définissez-vous votre musique ?
C’est compliqué pour moi de répondre à cette question. Je dirais que c’est un mélange entre de la pop et beaucoup de chanson française.
Auparavant, vous ne repreniez que des titres en anglais. Pourquoi ?
Parce que je me sentais mille fois plus à l’aise. L’anglais n’étant pas ma langue, ça me permettait de mettre une certaine distance avec les paroles et de penser à autre chose. Je pouvais focaliser plus sur ma voix par exemple ou sur la musique. Quand on chante en français, on s’ouvre complètement aux gens. Aujourd’hui, le français me permet d’écrire, de trouver le mot juste.
Quelle est la prochaine étape, un album ?
Deux chansons sont déjà sorties et je travaille actuellement sur mon premier EP. La suite reste dans la même veine : de la chanson française pop mais parsemée d’électro. Oui, j’amorce un petit virage avec des notes électroniques.
Vous avez la totale maîtrise sur vos créations ?
Tout à fait. J’ai beaucoup de plaisir à créer mes chansons seule. En revanche, je collabore ensuite avec des producteurs et arrangeurs. C’est d’abord une question de capacité, car je ne suis pas en mesure de produire des chansons, je n’ai jamais appris à le faire. Et puis, j’ai besoin d’avoir un autre œil et un autre cerveau dans le processus de création. J’adore travailler collectivement sur cette phase-là, ça m’apporte du recul et une certaine objectivité. Quand je fais quelque chose de naze, j’aime l’idée qu’on me le dise.
Comment vivez-vous votre nouvelle notoriété ?
Notoriété est un grand mot, je dirais plutôt un début. C’est sûr que ma vie a changé. Désormais, je ne fais plus que de la musique, je suis entièrement dévouée à mon projet. Le changement se traduit déjà au niveau du planning, du programme de l’année. J’ai hâte de poursuivre dans cette voie parce que j’en avais vraiment envie. C’était le bon moment pour se lancer.
J’ai beaucoup de plaisir à créer mes chansons seule.
Comment rêvez-vous la suite de votre carrière ?
Comme tout artiste je crois. J’ai envie que les gens écoutent et aiment mes chansons, qu’ils viennent voir mes concerts, qu’ils soient touchés par mes compositions. C’est tout ce que je me souhaite.
Quelle rencontre a profondément marqué votre parcours ?
Sans hésiter la rencontre avec mon manager. Il a été ma première chance. Il m’a donné l’envie, la motivation pour aller jusqu’au bout du projet ou tout du moins, essayer.
Il y a un côté sixties dans le clip J’aime toucher vous. Pourquoi ce choix ?
C’était un choix presque naturel en écoutant la chanson avec la réalisatrice Tamina Manganas. On y a vu une sorte de comédie musicale à la Jacques Demy et Michel Legrand. On a repris les codes présents notamment dans Les demoiselles de Rochefort. La réalisation du clip s’est basée sur cette idée très référencée.
On vous compare souvent à Juliette Armanet. Elle est une inspiration pour vous ?
Carrément. J’ai commencé à écrire sérieusement en 2017, j’avais alors 17 ans. Le premier vrai concert auquel j’ai assisté avec mes copines et que j’ai payé avec mon propre argent, était celui de Juliette Armanet. Ce moment a été une véritable révélation pour moi. J’aimais tout en elle. Ses compositions, son écriture, sa prestance. J’ai, en quelque sorte, commencé à écrire et à composer avec elle. Ça ne me dérange en aucun cas qu’on me compare à elle, bien au contraire. Elle est ma première référence.
Si vous n’aviez pas percé dans la musique, quel était votre plan B ?
J’ai fait une double licence de Droit et d’Histoire de l’Art. La voie royale était commissaire-priseur mais avec du recul, je pense que je n’en avais ni les capacités ni l’envie. Même si le plan B était de travailler dans l’art en général, j’ai toujours su au fond de moi, que c’est de la musique que je voulais faire.
Propos recueillis par Nathalie Truche