ghost in the shell

C’est l’un des films les plus attendus de 2017. L’adaptation du manga « Ghost in the Shell » fait parler d’elle depuis quelques mois, notamment chez les fans hardcore de cette oeuvre cyberpunk culte. Les thèmes abordés - cyber-terrorisme et post-humanisme - sont toujours d’actualité. Ghost in the Shell a déjà été adapté dans plusieurs films d’animation, considérés parmi les meilleurs de leur genre. Le premier film animé, sortit en1995, a été décrit par James Cameron comme étant l’oeuvre d’un visionnaire. De son côté, Stanley Kubrick l’a qualifié comme l’un des plus grands films de science-fiction de ce siècle.

Le 29 mars prochain sortira le film adapté du manga. Réalisé par Rupert Sanders et Scarlett Johansson dans le rôle principal, mais aussi Michael Pitt, Pilou Asbaek, Juliette Binoche, Takeshi Kitano, Ng Chin Han et Lasarus Ratuere.

Scarlett Johansson, qui interprète le cyborg Major Kusanagi, fait son apparition dans la première bande-annonce du distributeur du film, Paramount Pictures. On y voit l’actrice, une coupe au carré et des cheveux noirs ébènes, évoluant dans une ville futuriste et sombre. Les effets spéciaux sont d’une beauté époustouflante. Son choix pour le rôle principal a créé une controverse, l’héroïne du manga étant japonaise et ne lui ressemble que très peu. Mais le producteur Steven Paul a déclaré à Buzzfeed que les fans adoreraient l’approche internationale du film : « je ne pense pas qu’il ne s’agit seulement d’une histoire japonaise. Ghost in the Shell est une histoire internationale, qui a son propre univers. C’est pourquoi je pense que nous avons choisi la bonne approche ».

Une réflexion sur la condition humaine

Le film suit les aventures du cyborg Major, luttant contre les cyberterroristes avec la Section 9. Très vite, Scarlett se retrouve face à un ennemi dont le but est d’éradiquer les progrès de la cyber-technologie. Une affaire qui va déclencher une véritable crise d’identité pour le personnage et enclencher une série de questions sur ce qu’est l’être  humain. Le film s’intéresse à l’esprit, à l’âme humaine, et à ce qui fait la différence entre les robots et les humains.

Si la technologie nous permet un jour de transférer notre conscience dans un corps robotique, arrêterons-nous d’être humain? Sommes-nous la somme d’un corps et d’ un esprit, ou seulement d’un esprit ? Dans Ghost in the Shell, les pirates peuvent implanter de faux souvenirs dans l’esprit de leurs cibles, comme on implante une donnée dans un logiciel, laissant planer le doute sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas.

Dans une interview avec Collider, Scarlett Johansson explique que l’univers du manga lui était étranger : « Je ne connaissais pas du tout la matière du film. La première chose que j’ai découvert, c’était pendant la phase de préparation, avant la lecture du script, lorsqu’on a regardé l’animé. C’était assez lourd », explique-t-elle. En découvrant la profondeur des thèmes abordés, l’actrice admet avoir eu peur : « C’était pesant. Mais j’ai réussi à me faire à l’idée, j’ai essayé d’imaginer le cheminement de Major, entre la vie qu’elle pensait avoir, la vie qu’elle a, et la personne qu’elle est en réalité. J’ai essayé de l’humaniser », note-t-elle.

Le film emprunte des éléments de chaque animé

Le long-métrage ne se concentre pas sur le grand « méchant » du premier volet, le Marionnettiste. La menace du film est représentée par Kuze (interprété par Michael Pitt) et les 11 individuels, qui apparaissent dans le second volet, tout en reprenant des éléments ici et là de chaque animé. Kuze est un choix surprenant, par l’obscurité de ce personnage et son manque de popularité. Cependant, Rupert Sanders, le réalisateur  a expliqué que Kuze ne représentait pas qu’un seul personnage, mais était un « amalgame » des vilains les plus connus de la série, y compris le Marionnettiste, un personnage incontournable.
En effet, dans le premier film d’animation, le Major a pour mission d’arrêter ce dernier, mais va finalement développer un interêt personnel pour ce pirate informatique. Aucun autre personnage ne représente aussi bien les questions existentielles que pose Ghost in the Shell.

Ainsi, bien que le Marionnettiste n’apparaisse pas à proprement parler dans le film, sa philosophie et ses conversations intenses avec le Major seront incluses dans le scénario.
Une question reste en suspens : comment les fans vont-ils accueillir ce film, sachant qu’il ne reprend pas à la lettre l’animé ?

Rupert Sanders reste confiant. Lors de la présentation du film en décembre à Tokyo, il a déclaré : « J’espère que le marketing du film a démontré que l’on respectait l’œuvre, en montrant des scènes clés, et qu’on n’écrasait pas l’œuvre originale en ôtant ce qui la rend unique. Beaucoup de gens ont pensé que nous allions faire un remake hollywoodien merdique, mais cela n’a jamais été notre intention. J’espère qu’une majorité de gens y trouvera  son compte ». Il ajoute : « je garde à l’esprit l’héritage de Ghost in The Shell et j’en écris un nouveau chapitre. J’espère m’inscrire dans la continuité de cette histoire ».

Alors ce film saura-t-il convaincre ses fans en restant fidèle à l’original, tout en apportant une touche de nouveauté ? Réponse le 29 mars prochain.

Romain Fournier