Connu comme le chanteur de Louise Attaque et pour ses prestigieuses collaborations (Alain Bashung, Vanessa Paradis…), Gaëtan Roussel sort son troisième album solo : Trafic, un disque conçu dans la cité des Anges.
Qu’aviez-vous en tête en partant à Los Angeles ?
Je commençais à réfléchir à la façon dont j’allais amorcer mon troisième disque solo. Je n’y allais pas pour chercher à développer ce que j’avais en tête. J’ai plutôt accepté de participer à ce qu’on appelle des ateliers d’écriture pour me changer les idées, être curieux, rencontrer des gens, me trouver en studio, accepter les voies sans issue ou les choses qui peuvent tout à coup fonctionner car un bon contact s’est établi. Je suis un peu parti à l’aventure avec, dans un coin de l’esprit, des sujets que j’avais envie d’aborder, quelques bouts de texte, des mélodies. Et là-bas, dans les sessions d’écriture, je suis tombé sur deux personnes puis une troisième avec qui je me suis dit : c’est ça que je veux faire !
Aborder des thèmes sombres avec du rythme est le fil conducteur de l’album ?
Tout à fait. Par exemple, le titre Hope parle de la mémoire, de l’oubli, et plus précisément de la maladie d’Alzheimer. Ne tombe pas évoque l’addiction. Paradoxalement, je crie des peurs avec beaucoup d’enthousiasme. Ça me tenait vraiment à cœur car je suis intimement convaincu que la musique passe par les oreilles mais aussi par les pieds, les vibrations. Le rythme, la mélodie mettent la lumière sur un sujet sombre.
Pourquoi avoir intitulé l’album Trafic ?
Ça m’a pris du temps de trouver le titre car il doit pouvoir raconter une histoire. Pour moi, le trafic c’est le mouvement et je suis obnubilé par l’envie d’avancer, par les rencontres... De façon plus légère, Trafic représente tout ce qui bouge autour de nous : les écrans, le monde dans lequel on vit, le trafic de son, de musique pour enregistrer l’album, les voyages…
Comment est né le duo avec Vanessa Paradis ?
J’avais déjà rencontré Vanessa Paradis autour de la chanson « Il y a » que je lui avais proposée et qu’elle a interprétée. Nous avions passé une journée en studio. Je l’apprécie beaucoup, j’adore sa voix, son travail. Le brouillon de la chanson « Tu me manques » était déjà bien avancé, pour ne pas dire terminé. Je ne cherchais pas spécialement à faire un duo mais je me suis dit : ce serait génial si je pouvais la partager avec Vanessa Paradis et si elle refuse, je la chanterais seul. Elle répondu oui rapidement. C’était comme une évidence.
Je crie des peurs avec enthousiasme
Quelle collaboration vous a laissé le plus beau souvenir ?
Chaque collaboration est marquante mais je ne peux pas ne pas citer Alain Bashung. La première fois que je l’ai rencontré, c’était pour rien, dans le très bon sens du terme. Il y avait différentes personnes autour de la table, le but était simplement de faire connaissance. On s’est rappelé quelques jours après, juste pour discuter, il m’a dit qu’il cherchait des chansons. Et la collaboration sur son album Bleu Pétrole s’est faite naturellement. Cette rencontre a été essentielle car névralgique, elle m’a amené à faire beaucoup de choses : écrire pour d’autres, enregistrer des albums solo, réfléchir à ce que j’y raconterai et comment je le ferai…
Une chanson que vous aimeriez reprendre ?
Je suis un grand fan de Nick Cave, de son parcours, de sa démarche, de son charisme. J’aimerais reprendre Mercy Seat, une chanson qui ouvre l’album Tender Prey qu’il avait sorti dans les années 90. Mais c’est une montagne pour moi !
Pour qui rêveriez-vous d’écrire ?
Ce n’est pas un secret, j’adorerai travailler avec Jacques Dutronc.
Un retour de Louise Attaque est-il envisageable ?
Quand on s’est retrouvé il y a deux ans, ça faisait dix ans qu’on n’avait rien fait ensemble. Nous avions donc besoin de nous rassembler autour d’une table pour se parler. C’est ce qu’on a fait et ça a changé plein de choses dans nos relations, dans l’architecture du groupe - de quatre, nous sommes passés à trois - et on a réalisé un disque. Nous avons fait une très belle tournée, avons reçu un magnifique accueil. Aujourd’hui, ce n’est plus dans le même état d’esprit, chacun travaille de son côté, on est plus détendus. Donc oui, on pourrait se retrouver dans quelques années pour une tournée, un titre, un disque. Le sujet est totalement décomplexé.
Propos recueillis par Nathalie Truche
Gaëtan Roussel - Le 8 décembre, salle de l’Alhambra à Genève et le 17 mars, plein air aux Crosets à Champéry