Le nouveau directeur artistique du festival Annecy cinéma italien arrive tout droit de la Mostra de Venise, pour laquelle il est consultant à la programmation depuis 2016. Benvenuto a Francesco Giai Via !
Comment avez-vous « rencontré » le festival du cinéma italien d’Annecy?
Comme tous les Italiens qui travaillent dans le cinéma, je connais le festival depuis longtemps. Car il faut le dire : le prestige en fait le plus important festival italien au monde, hors Italie. Pour les professionnels, c’est l’événement de référence.
Vous avez été nommé directeur artistique. Pourquoi vous ?
Ma nomination est le fruit d’une rencontre avec les organisateurs du festival. Nous avons engagé une conversation et nous nous sommes rendu compte que nous parlions le même langage. Je travaille depuis longtemps dans le cinéma, le documentaire, le court-métrage… J’ai parlé de ma formation, de mon approche en général, des changements à opérer sur le festival et on a découvert que cela correspondait à leur recherche. Pour moi, c’est une chance magnifique.
Quel est le rôle d’un directeur artistique ?
Comme dans un concert, j’orchestre le travail des autres mais ce n’est pas moi qui compose la musique. Je donne une personnalité, une couleur à cette musique. Je visionne les films, les choisis et organise tout ce qui se passe autour. La sélection est de mon ressort. Et selon la réaction du public, ce sera de ma faute ou grâce à moi ! Certains films vont beaucoup plaire et d’autres vont susciter le débat. Il faut créer de la tension contrôlée.
Sur quelles notes jouera cette musique ?
Nous allons changer pas mal de choses mais dans la continuité. Mon approche sera très liée à la contemporanéité, à ce qui se passe aujourd’hui dans le cinéma italien, autant dans le process productif que créatif. Le festival ne se résume pas à un endroit où on présente des films. Pour moi, le festival c’est un projet. Mais la contemporanéité n’englobe pas seulement la nouvelle génération d’acteurs, elle comprend aussi les scénaristes, les producteurs. Je souhaite faire venir ici la plupart de ces jeunes talents. Mais qui dit jeune ne dit pas inconnu. Certains de leurs films ont été présentés à Cannes ou à Berlin, ont obtenu des prix internationaux. Le cinéma italien d’aujourd’hui qui se vend partout sur la planète est le résultat d’une génération qui pense au cinéma de façon différente. J’espère que le festival permettra à l’Italie d’être un point de départ pour aller ailleurs, en Europe et dans le monde.
Quelles couleurs donnerez-vous à la programmation 2017 ?
Ce sera une programmation multidisciplinaire qui ne se consacrera pas qu’au cinéma. Il y aura des représentants du théâtre, de l’art contemporain, de la musique. Les invités me ressemblent, ils s’intéressent à d’autres disciplines, dépassent les frontières, les clichés. Tous les films sont pour tous, il suffit de les présenter de façon intelligente. Moi, j’ai toujours mélangé les genres, aimé la différence. Par exemple, il n’y aura pas de catégorie purement documentaire. On va associer fiction et documentaire. Car à la frontière des deux, il se passe des choses très intéressantes. Les nouvelles formes de cinéma peuvent créer la surprise.
Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
J’espère amener beaucoup de monde au cinéma. J’ai toujours aimé organiser des contextes dans lesquels les films sont partagés et où l’on passe du temps ensemble. C’est une rencontre avec le film, avec les gens qui ont fait le film, les personnes qui ont organisé le festival et le public. Je veux renforcer le lien émotif et sentimental avec le festival. Il y a aussi des objectifs très concrets car la France et l’Italie ont des relations économiques et politiques dans le domaine du cinéma. Et au regard du prestige du festival, je veux créer ici une plateforme importante, une manifestation physique, concrète du rapport qui existe entre l’industrie et l’institution, entre le CNC - Centre national du cinéma - et le ministère de la culture italien. Ce n’est pas très sentimental mais c’est important.
Propos recueillis par Nathalie Truche