L’association « On n’est pas que des collants » revient avec le festival Femmes en Montagne du 9 au 13 novembre à Annecy et Talloires. Objectif : plus de mixité dans les sports outdoor en médiatisant les pratiques féminines de la montagne. À l’origine de ce projet, Tanya Naville, présidente de l’association, réalisatrice et ancienne compétitrice en ski d’alpinisme. Pour l’occasion, elle nous parle de cinéma, de montagnes, et de femmes bien sûr !
Avant toute chose, comment vous est venue l’idée de ce festival ?
La médiatisation des femmes en montagne n’était pas assez présente. Les gens ne souhaitaient que de l’excellence pour l’alpinisme au féminin, mais pas ce qui se passait actuellement : la volonté de pratiquer, de se former. On a donc créé un blog en 2015 pour donner une tribune à ces femmes autour des sports outdoor. Pour continuer à médiatiser la pratique il fallait passer par d’autres supports comme les films. En passant dans les festivals de films de montagne ou de ski, on se rendait compte qu’il n’y avait quasiment que des hommes. Les femmes étaient relayées un peu au second plan des films. Suite à ça, on a créé l’association « On n’est pas que des collants » en 2016.
Puis on a réalisé et autoproduit 3 films avec Léo Wattebled. Avec le Women’s skimo project, on est allé à la rencontre de femmes inspirantes en Islande, au Japon et en Grèce. L’idée, c’était de les diffuser en salle et que, par des lieux différents… un peu prêcher la bonne parole à tout le monde et pas qu’aux personnes intéressées par la place des femmes dans le sport. En 2018, les films ont tourné dans plus de 10 pays, au Canada, en Argentine etc. Et dans les cinémas locaux avec d’autres films sur des femmes inspirantes. On s’est rendu compte qu’on remplissait les salles à chaque fois. Fin 2019, on avait plus de mal à trouver d’autres films pour réaliser des soirées spéciales. C’est là qu’est venue l’idée d’un festival, afin de rassembler tous ces films sur des femmes sportives en montagne.
L’avoir fait sans partenaire nous a permis de montrer ce qu’il était possible de faire avec une petite équipe.
Comment s’est déroulée cette expérience pour vous ?
On était deux avec Léo. C’était un petit festival avec 3 projections dans la région, entre Annecy et Talloires, suivi par notre communauté qui s’est créée au fur et à mesure de nos aventures. On était tous bénévoles donc ça a pris beaucoup de temps. L’avoir fait sans partenaire nous a permis de montrer ce qu’il était possible de faire avec une petite équipe. Il fallait ensuite l’agrandir pour faire évoluer le festival, avoir des partenaires et des subventions.
Vous travaillez également en indépendante à côté. Comment trouver le temps pour organiser
un tel festival ?
Malheureusement, on a moins de temps pour soi-même, pour lire, regarder la télé, on fait moins de sport (rire). Ça prend beaucoup de temps. C’est extrêmement chronophage. Je pense que le festival est arrivé à un cap : si l’on veut continuer sur la lancée, il va falloir un employé, même à temps partiel.
Quand on a créé le festival, on voulait encourager les gens à prendre une caméra et nous rapporter des histoires sur des femmes inspirantes
Cette année, il y avait 80 à 86 films en lice… Comment se passe la sélection ?
Ils sont visionnés par le comité de sélection, d’à peu près 10 bénévoles. Ce sont souvent des amoureux de la montagne, parfois issus du cinéma, qui viennent nous démarcher. Comparé aux éditions précédentes, on à moins de candidature de films, mais ils sont de meilleures qualités. Puis on se concerte pour la sélection finale. Il faut : des thèmes différents, des sujets différents, des rythmes différents, des courts-métrages et des longs-métrages. Un vrai Tetris !
Qui compose le jury ?
Jérôme Tanon, réalisateur de nombreuses fois primé. Florence Masnada, médaillée olympique de ski alpin. Et Virginie Troussier, écrivaine et journaliste spécialiste des sports de montagne. Ce sont eux qui décerneront le Grand Prix.
[...] Être là, non pas pour qu’il y ait un festival de film femme, et un autre homme, mais qu’il y ait plus de mixité dans les festivals en général
Il y a aussi un prix du court-métrage amateur…
Oui, on veut encourager les gens à prendre une caméra et nous rapporter des histoires sur des femmes inspirantes. De ne pas toujours attendre d’avoir une grosse production : avec les téléphones, les GoPro, on peut vraiment avoir un résultat propre. Justement, cette année, on lance des ateliers de film pour les accompagner : un sur le storytelling, un sur le cadrage, un sur le montage et le son. Un peu comme des masterclass, encadrés par des professionnels. Comme ça, plus d’excuses !
Qu’est-ce qui a changé, pour vous, depuis la première édition, vis à vis de la représentation de la femme dans les sports en montagne ?
J’ai souvent des appels d’autres festivals qui me disent : « j’aimerais avoir plus de parité dans ma sélection, qu’est ce que tu pourrais me conseiller comme film ? ». C’est vraiment ce qu’on voulait faire : être là, non pas pour qu’il y ait un festival de film femme, et un autre homme, mais qu’il y ait plus de mixité dans les festivals en général… Pour qu’on n’ait plus de raison d’exister.
Jusqu’à présent, certains viennent nous dire : « Je reviens de tel festival de film de ski et il n’y avait pas une seule femme à l’écran ! ». Même si ça bouge, il y a encore une frilosité de nombreuses marques et partenaires, pour venir s’associer à un festival comme le nôtre. Quand on parle de femmes en montagne, ils ont peur qu’on soit « le bras levé », tout pour le féminisme, les femmes devant… Alors que nous, ce qu’on souhaite, c’est la mixité.
D'ailleurs, avis aux intéressés... On recherche des partenaires qui partagent nos valeurs pour soutenir le festival !