Chanteuse de variété française, Leila Huissoud commence par un passage dans la saison 3 de The Voice en 2014. Elle sort ses deux premiers albums en 2017 et 2018. Elle revient en tournée cette année avec son nouvel album, La Maladresse. Rencontre.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de chanter quand vous étiez plus jeune ?
J’ai grandi dans un foyer où le chant et la danse étaient présents tout le temps. Ma maman dansait, mon père faisait un peu de guitare, j’ai deux grandes soeurs qui faisaient de la musique aussi. À la fin des repas, on débarrassait en tapant sur les tasses à la petite cuillère. C’était très festif. À l’école primaire, j’ai eu des soucis de dyslexie et de bégaiement. Un souci que je n’avais plus en chantant. J’ai eu une super orthophoniste qui a insisté pour me faire écrire et chanter.
Votre style a évolué au fil du temps, comment le décririez-vous ?
Je pense que je m’inscris à la chanson française un peu classique, traditionnelle. J’ai appris sur le tas et découvert qui j’étais sur le tas. J’ai grandi, donc forcément j’ai changé, des choses se sont trouvées, des goûts muent, donc l’évolution est naturelle. Et j’ai une grande préoccupation : éviter de refaire le même album. La stagnation me fait assez peur.
J’ai attendu d’être satisfaite de douze nouveaux morceaux pour faire le nouvel album
Vous avez sorti vos deux premiers albums à un an d’intervalle, mais vous avez pris un temps de 6 ans pour sortir le troisième, comment l’expliquez vous ?
Il y a eu pleins de choses dans la vie, comme le confinement, ou pleins d’événements dont je ne me suis pas sentie maître. J’ai commencé à écrire mes premières chansons au lycée. Pour le premier album, on a du faire le tri dans une centaine de brouillons. Le deuxième album il n’y avait que douze chansons, né d’une impulsion. Et après, il y a quelque chose qui devient routinier. C’est devenu plus dur d’écrire, si tu n’as pas envie de refaire quinze mêmes chansons. J’ai attendu d’être satisfaite de douze nouveaux morceaux pour faire le nouvel album, et effectivement ça a mis longtemps.
Comment vous vient l’inspiration ?
Il y a quelque chose dans la marche, dans les lignes droites d’autoroutes, ou le cerveau va se balader à ce moment là. Dans mon quotidien d’intermittente du spectacle, j’ai plus le temps de me laisser aller à ces rêveries. Souvent je reviens de là avec des espèces de fulgurances », d’idées, de jaillissement. J'écris de manière un peu compulsive, et souvent avec le dictaphone. J’ai le refrain, l’idée, la chanson entière me vient d’un coup. Parfois, c’est un peu plus laborieux et je passe des heures à remanier des phrases.

Est-ce la mélodie ou les paroles qui vous viennent en premier ?
Pour moi, les mots sont musicaux. Ils viennent déjà placés sur une mélodie, dans les moments fulgurants. Mais du côté laborieux, c’est le texte avant tout, et la musique on verra plus tard. Ce que je préfère c'est quand tout vient en même temps, et ça a été beaucoup ma manière de faire.
Avez-vous un rituel avant les concerts ?
J’évite. J’en ai des rituels, malheureusement, mais plus j’en ai, plus j’angoisse à cause de ça quand je ne peux pas les faire. Un couple de Suisse vient me voir très souvent en concert, et la dame m'a offert un livre de prières. Il y en a une que je trouvais particulièrement bien pour la scène, alors je l’ai lu trois fois et j’ai bien aimé le concert qui suivait. Il y a quelques jours, avant un concert, je n’avais pas mon livre, ça m'a fait paniquer alors que c’est bête. Donc j'évite les traditions, mais je crois que j'en ai une que j'aime bien quand même.
Si vous deviez choisir une chanson parmi toutes celles que vous avez écrites jusqu'à maintenant, laquelle ce serait et de quoi parle-t-elle ?
Ce serait sûrement La Maladresse, qui clôture le dernier album. Parce que j'en suis là en fait, cette chanson me correspond. Elle parle de cette manière de grandir, avec un public, avec des yeux qui nous regardent. Quand on nous met à partir de 16 ans sur une estrade éclairée et que 200 à 500 personnes nous écoutent nous, et qu’on ne prend pas le temps de les écouter après, il y a quelque chose de très déséquilibré dans la relation aux gens et au monde. En grandissant, il a fallu que je détruise d’un grand coup mon ego. Parce que parce que sinon j'aurais été une personne très mauvaise.
Propos recueillis par Andréa Rivière
