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Laura Domenge est de retour avec un nouveau spectacle, Une nuit avec Laura Domenge. Chroniqueuse sur France Inter dans La Bande Originale et figure du Jamel Comedy Club, elle explore sa vie de femme moderne, à la fois féministe, écolo, hypersensible et multitâche, tout en jouant sur ses propres contradictions. Un show surprenant et irrésistible. Rencontre.
Laura, tu as commencé très jeune avec le théâtre. Peux-tu nous parler de tes débuts et de ce qui t'a poussée à choisir cette voie dès l'âge de 10 ans ?
Quand j'étais petite, je voulais juste m'amuser. Tout a commencé par un malentendu : à 10 ans, je voulais m’inscrire à un cours de théâtre, mais c’était en réalité un casting pour une compagnie professionnelle. J'ai été prise, sans avoir prévu de devenir comédienne, et j'ai joué quatre fois par semaine dans une compagnie pendant trois ans. C'était un peu fou à cet âge-là ! Après le bac, j'ai rejoint une troupe de théâtre, écrit un spectacle classique, un peu dans le métro... c’était ma première expérience en tant qu'autrice. Mais au fil du temps, j'ai réalisé que les rôles qu'on me proposait étaient assez limités, et ça ne me correspondait pas. Alors j'ai décidé de prendre les choses en main et de créer mes propres spectacles.
Crédit photo : © Augustin Detienne
Tu as donc été formée au théâtre, puis tu as décidé de te lancer dans l'écriture et le stand-up. Comment cette transition s'est-elle passée ?
Le passage à l'écriture et au stand-up a été assez naturel, en fait. Le théâtre m’a appris à jouer, mais aussi à m'exprimer. C'est avec le stand-up que j'ai trouvé ma vraie voix, en créant des spectacles où je pouvais vraiment parler de moi, mais aussi de la société. J'avais envie de raconter mes histoires, de parler des sujets qui me touchent, et de le faire avec humour. Le stand-up m’a permis de m’émanciper des rôles traditionnels et de vraiment explorer la comédie sous un angle plus libre.
Dans ton premier spectacle, PasSages, tu abordais déjà des sujets très personnels. Comment as-tu évolué entre ce premier spectacle et Une nuit avec Laura Domenge ? Qu'est-ce qui a changé ?
Tout !! (rires) Dans PasSages, j'évoquais surtout mes rôles de femme, de fille, de mère… Des rôles qu'on nous impose parfois et qui nous définissent. Mais aujourd’hui, je suis dans une démarche où je veux tout mélanger : des personnages, du stand-up, de la musique. Une nuit avec Laura Domenge, c’est un peu un spectacle avec un grand S. Il y a vraiment une variété de formats, un peu de tout. Je me livre encore, mais avec une approche différente, plus décalée. Il y a toujours de l'autodérision, mais aussi une dimension un peu plus poétique et esthétique, surtout grâce à l’univers de la nuit. J'aime surprendre le public, faire en sorte qu’ils ne sachent jamais vraiment où je vais les emmener.
Ton nouveau spectacle, « Une nuit avec Laura Domenge », a une approche originale : il s'articule autour d'une insomnie. D'où vient cette idée ?
Je suis une vraie insomniaque depuis l'âge de 10 ans ! L'idée est née de cette expérience de ne pas pouvoir dormir et de passer des nuits entières à penser à tout, à rien, à des sujets de société, des questionnements personnels... J’ai voulu utiliser cette insomnie comme un cadre pour aborder des thèmes plus larges. Et comme j'aime mixer les genres, je l'ai fait à travers du stand-up, des sketchs, mais aussi de la musique. C'est un spectacle hybride, où je traite de sujets sérieux comme l’avortement, la politique, l’écologie…
Dans ce spectacle, tu abordes des sujets de société comme l’avortement, mais toujours avec humour et finesse. Est-ce que c’est un défi pour toi de traiter des thèmes aussi sérieux ?
C’est clairement un défi, mais c'est ce qui me plaît ! L’humour permet d’aborder des sujets graves sans être moralisatrice. Quand je parle de l’avortement, c’est mon histoire, un sujet très personnel, mais je veux que les gens se reconnaissent dans cette histoire, qu'ils puissent l’interpréter à leur manière. J’aime l'idée de pouvoir traiter des thèmes sérieux de façon décalée, sans jamais perdre de vue la réalité.
Tu mêles beaucoup de styles dans ce spectacle, du stand-up au cabaret en passant par le sketch. Comment as-tu choisi d’hybrider ces différents formats ? Est-ce une manière de repousser les limites du stand-up ?
Exactement, j’aime l'idée de ne pas me laisser enfermer dans une case. L'humour, c'est avant tout une expérience partagée, et j'aime que mon spectacle soit une sorte de mélange de genres où tout peut arriver. Je pense que c'est ça qui rend le stand-up en France si intéressant en ce moment : tout est possible, et les formats se croisent. Je veux que le public passe par plusieurs émotions pendant le spectacle, qu'il rie, qu'il soit surpris, qu'il réfléchisse aussi.
« Une nuit avec Laura Domenge » semble être un spectacle où tu te livres beaucoup. Est-ce facile pour toi de parler de toi sur scène ?
J’avoue, j’aimerais parfois être un peu plus mystérieuse, mais je n’y arrive pas ! (rires) Ce que j’évoque, ce sont des choses qui nous concernent tous à un moment donné. Je pense que les gens se reconnaissent dans mes histoires. L'humour, c'est juste une manière de se libérer de ses propres inhibitions je crois…
Aujourd'hui, avec une carrière qui s’épanouit dans différents médias, comment choisis-tu les projets sur lesquels tu t’investis ?
D'abord, j'ai envie de m'investir dans des projets qui me permettent de rester libre, créative. Je ne veux pas me retrouver dans une case. Par exemple, travailler sur Piquantes ! sur Téva, c'était une vraie liberté pour moi. On m'a donné carte blanche pour écrire des sketchs et parodier des sujets d’actualité. Mais mon grand projet serait de jouer dans une fiction… Il y a des choses en développement, mais je lance un avis aux réalisateurs qui liront l’interview (rires) Je suis libre !
Comment vois-tu l’évolution du stand-up en France ces dernières années ?
Le stand-up a explosé ces dernières années, et c'est génial ! C’est un genre qui se réinvente constamment. Il y a de plus en plus de femmes, et c’est super important ! On voit de plus en plus de jeunes humoristes avec des propositions très originales.
Enfin, que souhaites-tu que le public retienne en sortant de ce nouveau spectacle ?
Je veux que les gens se disent que tout est possible, même dans les moments les plus sombres. Et je voudrais qu'ils aient passé la meilleure nuit de leur vie !
Propos recueillis par Carole Cailloux
