Publié le 6 avril 2016
Dalton Trumbo

Dalton Trumbo

Quand Hollywood voit rouge
Culture
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Cinéma

Le clash entre l’industrie du cinéma américain et le mouvement anti-communiste à la sortie de la seconde guerre mondiale a déjà inspiré de nombreux films. Et pour cause, c’est un sujet offre un cocktail passionnant d’intrigue, d’esthétique, de glamour, de politique et de nostalgie

Cette fois c’est Jay Roach, connu notamment pour avoir réalisé Austin Powers, qui s’est intéressé à cet univers. Dans Dalton Trumbo, il raconte l’histoire d’un des artistes les plus célèbres qui s’est élevé contre les dérives du maccarthysme.
Ecrit par John McNamara à partir de la biographie de Bruce Cook, le film est centré sur le personnage de Dalton, interprété par Bryan Cranston.
Après avoir lu le scénario, Cranston s’est dit qu’il devait participer à ce projet à tout prix. «Jay Roach nous a transmis sa passion et ses conseils», explique-t-il. «Il y avait là un scénario très fort et une histoire convaincante. C’était palpitant et cela donnait matière à réflexion sur le plan intellectuel. J’ai été séduit, tout comme l’ont été Diane Lane, Helen Mirren, John Goodman, Michael Stuhlbarg et Louis C.K., car nous voulions tous participer à un projet de première importance».

L’intrigue démarre en 1947, quand Trumbo est un artiste au sommet de sa gloire. Il a remporté une récompense prestigieuse pour son roman anti-guerre de 1939 Johnny Got His Gun, puis est devenu un scénariste accompli.
Mais après la guerre, alors que le sentiment anti-communiste bat son plein aux USA,  il est contraint de témoigner devant la Commission des Activités Antiaméricaines (HUAC : House Un-American Activities Committee) sur ses sympathies communistes.

Une nouvelle chasse aux sorcières

De nombreux acteurs, réalisateurs, producteurs et scénaristes de tout premier plan sont publiquement critiqués en raison de leur proximité avec des organisations jugées «anti-américaines».
Craignant de perdre leur travail, nombreux sont ceux qui acceptent de témoigner contre leurs amis et confrères. En revanche, dix d’entre eux, les fameux «Dix d’Hollywood»,  refusent de répondre à la moindre question, contestant la légitimité de la Commission à les interroger sur leur sensibilité politique. Ils sont condamnées à de la prison ferme pour outrage au Congrès.
Trumbo est emprisonné pendant dix mois et placé sur une liste noire. Pendant des années, il sera contraint à travailler anonymement. Ses scripts incluront Roman Holiday et The Brave One, qui ont tous deux remporté des Oscars, mais pour lesquels il n’a pas été crédité.
Pour la productrice Janice Williams, Dalton Trumbo est un récit étonnamment vivant et émouvant sur un sujet d’une formidable gravité. «Il ne s’agit pas du tout d’une œuvre politique, mais d’une histoire sur le droit à la liberté d’expression», souligne-t-elle. «C’est un film exaltant qui repose sur une formidable galerie de personnages fascinants ayant réellement existé. Il s’attache à une période sidérante de l’histoire d’Hollywood, et dépeint à la fois la dimension glamour et reluisante de cet univers et sa part d’ombre, sans oublier la Commission des Activités Antiaméricaines».

La force du film réside dans son casting

Cranston est surtout connu pour avoir joué Walter White, l’enseignant devenu dealer de drogue dans Breaking Bad. Il offre une merveilleuse performance dans Dalton Trumbo, insufflant au personnage élégance, intelligence et courage. Il a d’ailleurs reçu une nomination aux derniers Oscars pour ce rôle.
L’homme est rempli de contradictions : c’est un communiste convaincu, mais il vit dans un luxe ostentatoire. Son altruisme est combiné avec une forte tendance à l’égotisme.
Sa nemesis est la chroniqueuse mondaine Hedda Hopper, qui considère les communistes comme des criminels de la pire espèce. Jouée par Helen Mirren, elle est un personnage à la fois terrifiant et comique, qui s’habille de façon absurde avec des chapeaux extravagants et des robes florales. Elle a toutefois du charme, mais derrière cette façade se cache une grande malveillance. Parfois, son anti-communisme apparaît simplement comme un masque pour son antisémitisme. L’un des autres rôle secondaire qui marque les esprits est interprété de façon hilarante par John Goodman, qui joue Frank King, un producteur prolifique qui a investi dans un costume de gorille et a besoin de Trumbo pour écrire un film impliquant des femmes qui combattent dans leurs sous-vêtements.
Mais ce qui donne au film son mordant est la représentation de la famille de l’écrivain et du prix qu’ils ont du payer pour ses actions. Diane Lane est excellente en tant que Cleo, femme amoureuse mais qui souffre depuis longtemps, défendant ses enfants contre l’irritabilité de leur père. Elle Fanning joue à merveille avec le rôle de Niki, la fille aînée qui semble avoir hérité des traits idéalistes de son père. C’est à travers les yeux de ces personnages que nous voyons Trumbo le plus clairement, avec toutes ses failles et ses contradictions.
Selon le réalisateur, l’interprétation sincère de Cranston rend le personnage encore plus fascinant. «Bryan est épatant, il a su cerner l’artiste qu’était Trumbo tout en en faisant un homme ancré dans la réalité. C’était un choix intéressant et ce rôle se distingue de sa filmographie.
La force de Bryan et son intuition artistique ont rendu le personnage plus complexe encore que je l’imaginais».
Pour Bryan Cranston, Trumbo est un personnage exceptionnel car il privilégie l’honneur à son intérêt personnel et qui se bat pour des causes justes. «Il avait le sentiment d’être un porte-parole pour les sans-grade, ce qui fait de lui un type remarquable», conclu-t-il. Dalton Trumbo sortira sur nos écrans le 27 avril prochain.

Romain Fournier


 

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