Son spectacle intitulé « Pot pourri » s’annonce comme « une sorte de hachis Parmentier avec des vrais morceaux de Constance à l’intérieur ». Au menu : « Des anciens comme des nouveaux sketchs fourrés avec soin à la violence verbale poétique et libératrice ». Les amateurs d’humour chaud-froid vont adorer.
Quels autres ingrédients composent votre hachis Parmentier d’humour ?
Finalement, un spectacle est assez complet quand on y met des vrais morceaux d’une personne. Il y a évidemment plein de formes d’humour : noir, caustique, coquin. Le spectacle vivant est fait pour susciter des réactions chez le public. Certains aspects choquent, d’autres font rire ou dérangent. J’aime le titre Pot pourri car on y trouve de tout et pas une seule couleur d’émotions.
Vous fixez-vous des limites ?
Non, mais cette liberté doit servir quelque chose. Il ne faut pas dire des choses bêtement, sous prétexte de choquer ou d’être méchant. Il faut que ce soit une arme au service d’un message, utiliser intelligemment les mots.
Se glisser dans la peau d’une autre, c’est votre marque de fabrique ?
J’ai toujours créé des personnages. Le stand up, je ne sais pas faire et ça ne m’amuse pas. Je suis avant tout comédienne. J’aime interpréter des personnages différents, mettre des costumes, j’aime ce côté théâtral. Ça aurait été étonnant de faire autre chose, comme demander à un peintre de faire de la musique.
Quel personnage trouvez-vous jubilatoire à jouer ?
J’aime beaucoup la mère perverse avec son fils. Je la trouve très intéressante à jouer car elle met les gens mal à l’aise, les fait rire et réfléchir en même temps. En gardant son calme, elle est mille fois plus terrifiante qu’une personne qui s’énerve. Dans le quotidien, les gens qui s‘expriment très froidement sont intéressants à observer, à décortiquer.
Sur scène, je pratique un humour très franc et je suis comme ça dans la vie.
Dans la vie, vous êtes aussi sans filtre ?
Sur scène, je pratique un humour très franc et je suis comme ça dans la vie. Il faut pouvoir s’exprimer, dire ce qu’on ressent. Ce sont les non-dits qui créent des problèmes. Je trouve plus sain de dire les choses.
Ça vous plait de ne pas plaire à tout le monde ?
Je ne me pose pas la question ainsi. Je suis comme ça, c’est tout. Je ne cherche pas à plaire aux autres, ça n’aurait pas de sens. La pire des choses dans la vie est de se trahir. Il faut se montrer tel qu’on est. Faire semblant d’être quelqu’un d’autre doit rendre très malheureux. Et puis, je n’ai aucun souci à ne pas plaire à tout le monde car moi aussi, il y a des gens que je n’aime pas. Ça fait un tri autour de soi.
L’émission “On ne demande qu’à en rire” de Laurent Ruquier a marqué un tournant dans votre carrière ?
Oui, ça a été une belle vitrine, un accélérateur. Sans cette expérience, je serais arrivée au même endroit mais en mettant plus de temps. Les gens qui ont réussi à durer dans cette émission avaient déjà cinq ou six ans de métier dans les pattes. Mais on vivait tous de cette activité, dans des cafés-théâtres bien souvent. En nous exposant, l’émission a permis d’accélérer le mouvement, de nous faire accéder à des salles plus grandes.
Dans votre chronique sur France Inter, vous avez carte blanche ?
Absolument !
Vous n’avez jamais peur de la feuille blanche ?
L’exercice de l’écriture rend très humble car on part de zéro et il faut se renouveler, trouver toujours de nouvelles idées. J’ai l’impression qu’écrire est comme un muscle : plus on écrit plus on sait le faire. Quand j’avais cette contrainte chaque semaine sur France 2, je craignais de ne pas avoir d’idée. Et puis, lorsque l’échéance arrivait, le cerveau se mettait en marche. Moi, je fonctionne à la deadline : si je n’ai pas une date fixe à respecter, je ne travaille pas. J’ai besoin de pression pour bosser.
Vous avez été formée au Conservatoire d’art dramatique de Lille. Des projets au cinéma, à la télévision ou au théâtre ?
Pour l’instant, je sillonne les routes avec mon spectacle, ce qui me laisse peu de temps pour faire des choses à côté. Mais si une occasion se présente dans le cinéma ou le théâtre, avec un projet qui me correspond, je ne dis pas non.
Propos recueillis par Nathalie Truche