D’abord une carrière solo en tant que Siméo. Ensuite une décennie à écrire pour de populaires interprètes (Jenifer, Yannick Noah, Natasha St-Pier…). Finalement, Simon Rochon Cohen est réapparu sous le nom de scène de Chaton. Après Possible et Brune platine, il prépare un troisième album.
Qui est Chaton et qu’est devenu Siméo ?
J’ai chanté sous le nom de Siméo de 18 à 23 ans. J’ai ensuite écrit et produit pour les autres pendant dix ans. Quand j’ai de nouveau eu envie de dire des choses pour moi, j’ai trouvé plus naturel de changer de pseudonyme. Parce qu’en dix ans, on évolue. Dans les propos et dans la forme, tout est très différent. J’ai un peu plus d’expérience, des envies d’explorer d’autres sons. En revanche, la raison pour laquelle je le fais reste la même : chanter, c’est vraiment mon truc.
Le premier album de Chaton s’intitulait Possible. Un message ?
Possible explique l’expérience de l’album. Ok, j’ai écrit pour les autres pendant dix ans, personne ne croit que je peux reprendre le micro. Aujourd’hui, à 30 ans passés, je n’ai plus l’âge de jouer à la vedette débutante. Personne ne mise là-dessus ? Et bien moi, je vais le faire quand même. Dans cette société qui affirme l’inverse, je pense que l’on peut se réinventer.
Vos disques germent dans la douleur ou le bonheur ?
L’inspiration est un mystère. J’estime que mon rôle est de me tenir à sa disposition car elle ne se contrôle pas. C’est flagrant, je le sens et le vis au quotidien. Quand on n’est pas inspiré, on a l’impression qu’on ne le sera plus jamais. C’est effrayant. Et quand on est inspiré, tout vient naturellement. C’est fascinant. Mon travail comporte un pan technique - production, mixage, editing… - que j’accomplis et lorsque je me sens inspiré, je switche. Je passe à l’écriture ou la composition et ça peut me prendre partout : dans les transports, en tournée, la nuit…
Vous sentez-vous libre dans votre métier ?
C’est le point culminant et le plus important de mon travail. La façon dont j’ai construit ma carrière depuis quinze ans s’est faite en gagnant des points de liberté. Comment ? En structurant, en apprenant les différentes branches du métier pour être le plus libre possible. J’ai créé mon label Le contenu, je produis mes disques et ceux des autres, je suis éditeur, producteur, coproducteur de mes tournées pour une seule raison : être le plus libre possible dans mes propos. Aucun de mes partenaires n’a son mot à dire sur mon contenu. Sur la façon de travailler l’album, de le défendre, de le promouvoir, de le vendre, oui. Mais sur ce que je raconte, non. Sur cet aspect, je suis libre à 100% et c’est le combat de ma vie. Tout ce qui peut parasiter, trop d’avis émis de parts et d’autres empêchent de tenir un cap. Cela demande beaucoup d’énergie de mener une vision créative jusqu’au bout.
Dans cette société qui affirme l’inverse, je pense que l’on peut se réinventer.
Comment sont nées vos collaborations avec Yannick Noah, Jenifer ou Natasha St-Pier ?
Elles commencent souvent en écrivant pour soi puis elles se transforment. Comme la chanson Je danse pour Jenifer que j’avais initialement écrite pour moi. Et quand on commence à avoir une petite notoriété, les gens viennent vous voir. Natasha St-Pier m’a appelé pour faire un disque. Ce que je raconte dans l’album, c’est elle, c’est sa vie mais avec mes mots. Les plus grands succès que j’ai eus sont des titres que j’ai écrits pour moi et dont j’étais le plus fier. Je ne crois pas aux choses fabriquées. À chaque fois qu’on a écrit avec la tête, on s’est trompé. Mais quand les choses viennent du cœur, elles plaisent.
Avec qui aimeriez-vous collaborer ?
On peut dire ce qu’on veut, quand on a le choix entre écrire pour les autres et chanter derrière un micro, on choisit le micro. En ce moment, je n’écris plus pour personne. Sauf si des projets super excitants se présentent. Si une interprète que j’aime m’appelle pour me dire : Simon, j’ai envie que tu m’écrives des chansons, que tu te jettes corps et âme dans mon album, j’ai assez confiance en toi pour te donner carte blanche… alors je peux mettre Chaton entre parenthèses. Si Vanessa Paradis, Céline Dion ou d’autres grands interprètes m’appellent, je pose tout et me lance dans le projet !
Vous êtes heureux ?
En guise de réponse, voici une phrase que j’ai écrite pour mon nouvel album : Du bonheur, tu le sais, je ne connais que le peu de pouvoir savourer les jours où ça va mieux.
Propos recueillis par Nathalie Truche