Unique. Tant par son énergie, son courage, et son talent. Surnommée la Miriam Makeba des Caraïbes, Calypso Rose a sorti son dernier album en juin dernier « Far from home », un opus produit par Manu Chao, séduit par la joie de vivre de cette artiste de 76 ans.
Avouons-le, on ne la connaissait pas jusqu’alors et peut-être que vous non plus. Mais en une chanson, elle nous est devenue indispensable. Surtout après en avoir appris un peu plus sur sa personnalité. Car Calypso Rose, de son vrai nom Linda McArtha, chante une musique capable de faire guincher les culs-de-jatte de Brassens !
Née en 1940, à Tobago, dans une famille très pauvre de 13 enfants, élevée par sa tante qui aime danser et faire la fête, elle grandit bercée par un gramophone, au son du calypso, genre popularisé dans les années 50 par Harry Belafonte. Son père, pasteur, lui interdit cette « musique du diable », elle lui tient tête en rétorquant que « c’est dieu qui lui a donné ce talent, pour amener la joie dans le cœur des gens et dénoncer les injustices ». « Une chanson peut renverser un gouvernement, placer un homme politique au pouvoir et faire que des hommes se comportent comme des êtres humains et non comme des bêtes », lance-t-elle au micro de RFI. Quand j’ai écrit des chansons contre l’exploitation des domestiques noirs à Trinidad, le gouvernement était tellement embarrassé qu’il a dû voter une loi pour qu’ils gagnent 1200 et non 20$ par mois, comme c’était le cas jusque là. » Violée à l’âge de 18 ans, elle prend aussi la défense des droits des femmes contre les violences conjugales (écouter le titre « Abatina » notamment).
Joviale, énergique, une bouille qui inspire la sympathie, à 76 ans, la Reine du Calypso (première femme à décrocher ce titre au carnaval de Trinidad, en 1972), mamie qui se balade en jogging vert pomme et boit du rhum-coca à 16h « pour se réchauffer », sort donc aujourd’hui son 20ème album. Manu Chao qu’elle a croisé un jour, à Port of Spain, a signé les arrangements additionnels de cet album produit par Ivan Duran, et joint sa voix à la sienne sur 3 chansons.
L’occasion de se laisser gagner par la joie de vivre très communicative de cette « Cesaria Evora des Caraïbes » et par le groove entraînant de ses chansons festives. « Avec cette musique, vous êtes obligés de bouger, de remuer, de vous déhancher… », assure-t-elle en fredonnant dans la foulée l’une de ses chansons en guise de démonstration…