Il y a dix ans, Aurélie Saada et Sylvie Hoarau se sont rendues à l’évidence : leur carrières individuelle les menait tout droit vers une impasse. Tel le phénix qui renaît de ses cendres, elles ont créé « Brigitte », un nouveau chapitre de leur vie musicale.
Aurélie, racontez-nous votre première rencontre avec Sylvie ?
On habitait dans le même quartier, autour de Pigalle, à Paris. Un copain pensait que ce serait bien qu’on se rencontre, qu’on se plairait. Alors je suis allée voir les concerts de son groupe de l’époque. De son côté, elle venait aussi voir mes concerts. On s’aimait bien, on se voyait de temps en temps. Jusqu’au jour où nos deux projets respectifs ont périclité. Il était alors question pour l’une et l’autre d’arrêter la musique. Finalement, on s’est dit que, s’il fallait tenter notre dernière chance dans la musique, on le ferait ensemble.
Comment avez-vous réussi à deux ce que vous aviez échoué seules ?
On s’est donné confiance sur ce que nous étions capables de faire et que nous ne soupçonnions pas. Toutes les deux, on s’est regardé en disant : « Tu es complètement capable, je suis complètement capable, on est complètement capable. Allez, on y va, on n’a peur de rien ». On s’est donné de l’assurance. L’idée n’était pas d’être les plus fortes du monde mais d’être honnêtes et de faire ce qu’on rêvait de faire.
Vous êtes vraiment inséparables ?
Ben oui ! Nous partons ensemble en vacances la semaine prochaine, toutes les deux avec nos enfants. On se voit tout le temps, cela fait dix ans qu’on se connaît, on est la même famille maintenant.
Comment Joey Starr a pris votre reprise érotique de Ma Benz ?
Il est venu à l’un de nos tout premiers concerts dans un petit club parisien. C’était fou qu’il vienne nous voir là-bas. Il avait entendu parler de notre reprise et des morceaux que nous interprétions. A la fin du concert, il nous a rendu visite dans les loges et a lancé : « Oh les gars, est-ce que je peux vous prendre dans mes bras ? ». Plus tard, il est venu chanter avec nous, c’étaient de super moments.
Justement, êtes-vous des garçons comme les autres ?
Ah oui, c’est marrant ! Cette chanson parle du mélange des genres. Puisque les garçons pleurent, alors oui, nous sommes des garçons comme les autres !
Qui fait quoi dans votre duo ?
On est tout et son contraire. C’est là où on se retrouve toutes les deux. Quand l’une se sent moins bien, moins euphorique, un peu plus éteinte, l’autre va la prendre en main, lui remonter le moral et vice-versa. On fait tout ensemble, on écrit, on compose, on arrange, on produit. Tout est très « ensemble ». Je ne fais rien sans savoir ce qu’elle aime, ce qui lui plait, si elle est heureuse…
Aimez-vous l’idée qu’on vous confonde ?
Oui, ça nous fait marrer. Nous, on trouve qu’on se ressemble beaucoup. Physiquement, si vous nous voyez sans perruque, sans robe et sans maquillage, vous allez nous trouver très différentes. Mais dans nos tempéraments, on se ressemble beaucoup.
Le look des sixties, c’est de la nostalgie ?
Non, c’est le fait de monter sur scène en osant porter des choses particulières, comme des robes à paillettes qui ne se font plus aujourd’hui. Notre idée a toujours été d’oser. Notre look reflète plus la liberté que l’appartenance à une époque.
A quoi ressemble votre quotidien ?
En ce moment, à un « tourbus » dans lequel nous dormons et nous réveillons chaque matin dans une ville différente. On fait du sport, un petit jogging et après, on a toujours du boulot à faire : des répétitions, des balances... La tournée, c’est environ quatre jours par semaine. Le reste du temps, nous sommes à Paris avec nos familles, nos amis. On fait des crêpes et des gâteaux !
Vous êtes les nouvelles égéries de Gérard Darel. Une belle parenthèse…
Oui, c’était assez inattendu pour nous. On ne pensait pas avoir l’âge pour faire des shootings photos, mais la vie est pleine de surprises. On s’est très impliqué dans l’image, dans ce qu’on allait porter, dans le choix des photos, en bénéficiant d’une grande liberté. On leur dessine même une petite collection pour la rentrée prochaine. C’est extraordinaire ce qui nous arrive, on n’en revient pas.
D’autres envies artistiques ?
Parfois on se dit : « Et si nous prenions le temps d’écrire un film ? » Peut-être qu’on le fera un jour. Mais si vous saviez tous les rêves que nous avons…
Propos recueillis par Nathalie Truche