Artiste au parcours exceptionnel, Benjamin Clémentine abandonne l’Angleterre pour la France sans raison particulière et se retrouve à Paris, à 22 ans, sans un sou en poche…
Il vit dans la rue et se produit, équipé d’un piano-jouet ou d’une guitare, sur la ligne 2 du métro. Il y est repéré par un producteur et c’est là que tout commence… Évidemment le scénario de l’inconnu découvert dans le métro est séduisant, mais il ne faut pas s’y arrêter et se concentrer sur l’intensité de ses chansons, qui sonnent comme si ce garçon libérait des mots restés depuis longtemps en travers de la gorge. Ce grand jeune homme taiseux et charismatique ne s’étend pas sur les raisons qui l’ont poussé, subitement, à traverser la Manche.
« J’ai découvert les Beatles et les Stones, puis j’ai beaucoup écouté Jimi Hendrix. Quand je suis arrivé en France, j’ai découvert Jacques Brel et Henri Salvador, avec lesquels j’ai appris que la musique pouvait davantage se baser sur les textes plutôt que sur la mélodie. »
Ses chansons parlent de Paris évidemment, de sa galère, loin d’une bohème romantique, qui lui a servi d’électrochoc émotionnel pour se découvrir chanteur. « Je ne veux pas faire pleurer les gens mais j’étais dans une situation de survie donc je n’avais pas le choix. En dehors de la solitude, deux choses sont ressorties de ça : la folie ou la mort. La mort n’était pas une option, la folie oui et pour en réchapper, je devais créer quelque chose », confie le chanteur sensible, toujours sur le fil.
Au clavier comme au chant, sa délicatesse mélodique côtoie une brutalité animale. Le tout valorisé par une maîtrise bluffante de sa gestuelle et un sens théâtral de la tension dramatique. L’expressivité de son timbre profond, sa façon d’exacerber les émotions peut le rapprocher du blues, de la soul et du jazz, mais à cette tradition le jeune homme préfère la rudesse du rock, la majesté de la musique classique. L’artiste louvoie avec une facilité déconcertante entre un parlé-chanté (« Winston Churchill’s Boy ») pareil à des incantations et des envolées lyriques d’une rare puissance (« Adios »), tout aussi capable d’aller caresser les étoiles que de plonger dans des profondeurs plus graves.
On pourrait le voir comme le dernier produit soul prêt à s’emparer des masses, l’énième artiste torturé surfant sur son buzz… Mais la décharge émotionnelle de ses morceaux, la puissance et sa prestance scénique hors du commun, sa folie dans le regard l’emportent sur ces prejugés et attestent d’un vécu déchirant.
« Écrire ses chansons dans la solitude, puis avoir l’occasion de les jouer devant des milliers de personnes, c’est ça qui compte. C’est incroyable de pouvoir faire ça. J’apprends beaucoup au contact du public. Et même si je peux laisser croire le contraire, ce n’est pas la tristesse que j’essaie de véhiculer, mais l’espoir. »
Benjamin Clémentine, chanteur d’exception et showman bouleversant, qui a remporté la Victoire de la musique 2015 de la “révélation scène”, chantera pour vous à la salle des fêtes de Thônex à Genève le 17 décembre prochain. >> Plus d'informations ici
© 2015 Charlélie Marangé