Il est des albums qu’on écoute comme on prend des nouvelles d’un ami. Celui de Ben Mazué fait partie de ceux-là. Une pochette tropicale pour un quatrième album, « Paradis » sensible, journal d’une rupture, entre spleen et luxuriance, enregistré sur l’île de la Réunion. Un conseil : sortez vos mouchoirs !
C’est fini. La nouvelle nous prend un peu de court et pourtant c’est la force de Ben : il nous parle de lui et ça nous parle de nous. Alors on l’écoute. On est triste, on répond « Mais ça va ? et la femme idéale ? » Lui n’est pas surpris, il sourit, de son sourire franc et enfantin, pendant le reste de la conversation. C’est teinté d’espoir et de mélancolie. Il nous rassure. Oui, c’est la moitié de sa vie qui disparaît, mais ça va aller.
Il nous parle d’un paradis, d’un divin exil où il n’a pas trouvé sa place, de ses enfants et d’elle, surtout. Des ruines du plus beau combat et des restes d’un amour énorme. Et ce qu’il ne nous dit pas par pudeur, les cordes et les cuivres s’en chargent. Il va bien, mais… Ses mots sont d’une incroyable justesse, ses verbes forts, ses punchlines nous cognent le cœur et touchent nos âmes. Des mélodies au service du texte. « J’écris » est une déclaration de foi. Pourquoi on écrit, pourquoi un musicien compose. Écrire est thérapeutique, tout comme la musique.
« Ce qu’on a vécu là-bas c’était tout sauf le paradis » Paradis n’est pas un album heureux, c’est un album cathartique, en douleur et en douceur. Un album triste et beau, réaliste et sincère. C’est un album de rupture. Ce moment difficile, chaotique, orageux, qui nous suit longtemps. Celle nous détruit de l’intérieur, mais une rupture permet de se reconstruire.
Devenir meilleur, renaître. Et comme une piqûre de rappel bienvenue, Ben Mazué nous rappelle qu’après l’orage vient les « Jours heureux ». On a tendance à l’oublier cette année. Il nous rappelle aussi que le paradis réside dans les moments heureux qu’on se crée. Ils sont peut-être éphémères, mais ils sont bien là. On accède tous, à un moment de nos vies, au paradis. Et c’est ça dont il faut se réjouir.
Dans ce dernier album, il chante aussi la quarantaine qui approche ou le choix de certains couples de ne pas avoir d’enfant. « Tout n’est pas autobiographique. Ce qui m’inspire dans mes chansons ce sont les grands virages de la vie de chacun, les deuils, les ruptures, les histoires d’amour, les naissances des enfants. Ce sont de grands moments de vie traumatiques, positivement ou négativement »
À 39 ans, le chanteur nous émerveille avec les textes de son Paradis. Le poète, ancien médecin, vide son cœur, pour mieux tourner la page.