Du 15 avr. au 1 juin 2024
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Dans sa nouvelle pièce librement adaptée de l’œuvre de Shakespeare, programmée à Bonlieu Scène nationale les 16 et 17 novembre, Vincent Macaigne passe notre époque au rouleau compresseur d’un théâtre nourri d’urgence et d’inquiétude.
Crédit photo : © Simon Gosselin
En adaptant le chef-d'œuvre de Shakespeare, « Richard III », écrit en 1592, Macaigne opère un retour saisissant au monde du théâtre (après 7 ans d’absence).
Il transforme le personnage de Richard III, un antihéros boiteux et déformé prêt à tout pour accéder au trône, en une figure encore plus brutale et grossière, accentuant sa rusticité et sa malléabilité. Pascal Rénéric incarne ce pathétique individu avec une dévotion remarquable, tandis que l'épatant Sharif Andoura interprète son double, George, dans toute sa bêtise.
Richard, maltraité par sa famille et méprisé par sa mère, jouée de manière mémorable avec un éclat particulier par une mère abusive, étrangle de sang-froid son propre neveu de treize ans. Cette scène, d'une intensité insoutenable, est une création de Macaigne qui n'apparaît pas dans l'œuvre originale de Shakespeare, mais elle doit son impact à la performance extraordinaire de Max Baissette de Malglaive, nouvelle recrue dans l'équipe du metteur en scène.
Vincent Macaigne s'impose comme l'un des artistes les plus percutants de sa génération.
Chacune de ses mises en scène est marquée par une profonde sensibilité, offrant un théâtre de l'excès et de la démesure en réponse à la violence du monde contemporain. Son théâtre est nourri de rage et de fureur, mais aussi de passion et de sincérité. Après avoir revisité « Hamlet » avec « Au moins j’aurai laissé un beau cadavre », il se confronte maintenant à « Richard III », un personnage démultiplié qui reflète de manière criante les maux de notre société actuelle, un reflet saisissant de la bêtise humaine.
L'intrigue se déroule dans un royaume rongé par la désinformation, où les rumeurs les plus folles circulent librement. On y trouve un roi et son entourage ivres de pouvoir, évoluant dans un État où l'impunité semble être la règle. Tels des idiots, ils poursuivent leur quête jusqu'à un dénouement terrifiant. Macaigne propose une adaptation audacieuse de la pièce en y incorporant des éléments tirés de la réalité, ancrés fermement dans l'actualité.
Crédit photo : © Simon Gosselin
Il réunit sa troupe d'acteurs dans un décor brut, où les décibels sont portés à leur paroxysme, et encourage un jeu exacerbé, explosif, qui n'épargne ni le gore ni le grotesque. Au cœur de cette violence, il interroge la brutalité humaine, que seule la présence de l'enfance parvient parfois à suspendre.
Son théâtre, épique et fulgurant, esquisse la vérité crue de notre époque. Pour Macaigne, le théâtre n'a de sens que s'il exprime une urgence profonde à communiquer !
Une pièce à voir absolument.