Il interprète Jérôme Kerviel dans « L’outsider ». Un premier grand rôle qui jalonne un parcours déjà panaché de nombreux films et téléfilms : « L’ assistant », « Les Saveurs du palais » et plus récemment, « Ma famille t’adore déjà. » Allo Arthur Dupont ?
Vous avez tourné dans Bac +70 avec Pierre Mondy. Et vous, c’est Bac + combien ?
J’ai passé un Bac Littéraire puis j’ai commencé la Fac d’An- glais qui n’a pas été concluante. Les études, je les ai faites sur le terrain. Je vais avoir 31 ans. Alors moi, c’est Bac + 12 ans !
Quel film a boosté votre carrière ?
« Bus Palladium » a été important. D’autres projets m’ont fait avancer comme « Mobil home », un film d’auteur très orignal. Et bien sûr, L’outsider : Christophe Barratier, le réalisateur, m’a fait confiance pour interpréter un genre de rôle que je n’avais jamais joué.
Dans quel métier pourriez-vous être un assistant en or ?
Je pourrais seconder un jardinier. C’est tellement agréable d’avoir les mains dans l’herbe et les cheveux dans les arbres. Je ne suis pas spécialement doué pour le jardinage mais j’ai les pieds dans la terre. J’ai grandi à la campagne, c’est un environnement qui m’apporte beaucoup de sérénité.
Quelles saveurs exaltent votre palais ?
Je viens de tourner avec Jean-Pierre Bacri qui est un fin gourmet. Il m’a fait découvrir un excellent vin qui s’appelle le Plot des Grives. Un bon vin rouge, des épinards à l’étouffé avec un peu d’ail et une entrecôte persillée. Si on me prépare ces plats, je suis le plus heureux des hommes.
À quelle occasion vous êtes-vous dit C’est maintenant ou jamais ?
Au moment d’embrasser une fille ! Parce que ça peut faire peur et qu’on a toujours l’appréhension de se prendre une bonne gifle.
À cet instant, Arthur explose de joie. Une connaissance vient de l’apostropher dans la rue. Il lâche le téléphone cinq minutes puis nous reprend.
Excusez-moi. C’était un accessoiriste roumain qui a tra- vaillé avec moi en Pologne. Je n’avais aucune raison de tomber sur lui à Paris !
Croyez-vous au hasard ?
Je crois à ce qu’on fait du hasard. Comme ce qu’on fait de la vie, de l’avenir et des occasions qui se présentent. On peut rester chez soi et il ne se passera pas grand- chose. Et là, c’est une magnifique surprise.
Vous venez de tourner dans « Ma famille t’adore déjà(1)» de Jérôme Commandeur. Racontez-nous un fou rire...
Nous étions tous attablés. Dans la scène, une superbe Allemande cristallise tous les désirs des hommes et suscite la jalousie de la gente féminine. Je joue un personnage qui la trouve absolument splendide et qui tente de cacher son trouble par des paroles anodines. À côté, sa copine est en train de casser une grosse pince de crabe. Je lui demande platement si c’est bon. En face, Sabine Azéma tire une tronche pas possible. C’est là que Thierry Lhermitte lance : « C’est fou ce que l’Allemagne est capable de produire : ça et Angela Merkel » La situation , avec l’ambiance régnant autour, nous ont fait hurler de rire.
Vous êtes-vous interrogé avant de tourner L’outsider ?
Forcément. Mais j’ai été très touché par le personnage qui découle de l’adaptation que Christophe Barratier a faite du livre de Jérôme Kerviel. Je me suis interrogé sur le fond du scénario : 57est-ce un film de propagande ? Si oui de quel côté balance-t-il ? Jérôme Kerviel ou la banque ? À mon sens, il n’est ni d’un côté ni de l’autre. J’ai trouvé intéressant de s’attacher à la façon dont une personne est devenue ingérable dans un système où on lui a donné les moyens de le devenir. L’ambigüité du personnage m’a particulièrement séduit.
Au clap de fin, qu’avez-vous ressenti ?
J’étais lessivé. Même si le personnage est principalement assis derrière un bureau, le rôle m’a fatigué, il était psy- chologiquement difficile car il y avait beaucoup d’états de nervosité à assumer sur de longs moments. J’étais soulagé que le tournage se termine, curieux du résultat, et heureux car j’en garde de bons souvenirs. Christophe Barratier a su créer un groupe au sein de l’équipe et dans ce métier, c’est chouette de générer une effervescence qui donne un certain goût aux journées. Un vrai bonheur.
Propos receuillis par Nathalie Truche