Comédien (La planète des cons, Parents mode d’emploi…) et humoriste, Arnaud Ducret invente d’inquiétants énergumènes qu’il vaut mieux tenir à distance. Au risque de mourir… de rire !
Vos personnages déjantés : invention ou réalité ?
Maître Li ou plutôt, Jean-Jacques Pitou, mon prof de karaté, a vraiment existé. Bien sûr, il n’était pas aussi bourrin. Quoique… Il m’appelait parfois pour faire des démonstrations de combat et j’en prenais plein la tronche. Mais j’ai un peu grossi les traits. Sinon, je pense qu’il y a plein de danseurs comme John Breakdown. Ils ne travaillent pas forcément dans un centre de gériatrie, du moins j’espère, parce qu’il risque d’y avoir des morts !
A votre avis, qu’est-ce qui est pareil mais en mieux ?
Mon spectacle… Il évolue tout le temps. Une semaine avant d’attaquer « Arnaud Ducret vous fait plaisir », mon co-auteur et moi avons eu une idée d’un sketch qui cartonne maintenant. Comme quoi, il ne faut jamais s’arrêter de travailler.
Que ne feriez-vous jamais, même pour faire plaisir ?
Du mal aux autres. Je n’aime pas mettre mal à l’aise les gens. Faire des blagues au téléphone, je déteste ça.
On m’avait proposé de faire des caméras cachées mais j’en suis incapable. Dès que je vois le moindre malaise dans le regard de l’autre, je me sens mal aussi.
Hormis une prof qui picole, quels souvenirs gardez-vous de l’école ?
J’étais un très mauvais élève. Après avoir été renvoyé d’un collège public, je suis entré dans un établissement privé où j’ai eu la chance de rencontrer une prof de Français et l’adjointe du directeur qui, toutes les deux, m’ont initié au théâtre. Lors des spectacles de fin d’année, j’ai vu dans le regard des profs que je n’étais pas trop mauvais, que j’avais même un peu de talent. Ça m’a fait plaisir qu’on ne me voit pas uniquement comme le cancre du fond de la classe.
Avec votre gabarit, vous deviez exceller en sport, non ?
C’est ce que je disais tout le temps à ma mère : « Regarde, j’ai eu 18/20 en éducation physique ! » Ce à quoi elle répondait : « Mais je m’en fiche du sport ! » Franchement, je n’aimais pas l’école, je ne pouvais jamais rester concentré ou enregistrer les leçons du soir.
Si on téléportait les cons, à quoi ressemblerait la vie ?
Je n’aurais plus grand-chose à raconter ! Il en faut, ils sont tellement drôles. Mais il faut des cons plus bêtes que méchants.
Peut-on être une armoire à glace et avoir peur de quelque chose ?
Plein de choses me font peur. La mort par exemple.
Ou me planter sur scène. J’ai rarement des trous. J’en ai eu un la semaine dernière parce que j’étais très fatigué, ça a été le gros vide. Mais à part ça, tout va bien ! J’ai toujours le trac avant de monter sur scène ou de faire de la télé, parce que je veux faire les choses bien pour donner envie aux gens de venir me voir.
Comme John Breakdown, êtes-vous aussi têtu qu’une moule ?
Je ne crois pas. J’écoute beaucoup mon entourage. Je peux faire semblant de rester sur mes positions mais au bout d’un moment, je vais changer d’avis. Autour de moi, on me dit que je suis un comédien avec qui il est facile de travailler.
Avez-vous lu le mode d’emploi avant de devenir parent ?
Ouh là là, non ! On apprend tous les jours. Ma femme a lu plein de bouquins sur le sujet alors elle me briefe parfois : « fais gaffe, dis pas ça » ou « fais plus comme ça ». Mais bon, mon petit a deux ans et demi, c’est un enfant heureux, toujours en train de se marrer, de sourire, de faire des câlins.
A part Mickaël Jackson, avec qui aimeriez-vous partager un barbecue ?
Quincy Jones, Robert Downey Jr, Denzel Washington… J’aurais adoré inviter Bourvil. J’ai encore regardé « La grande vadrouille » récemment, je le trouve extraordinaire. Voilà le genre de carrière qui me fait rêver et les gens qui m’inspirent. Mais aussi Louis de Funès, Coluche…
Et Eddy Mitchell, avec qui vous avez tourné dans L’oncle Charles ?
J’étais comme un gosse devant lui. On s’est bien entendu, on a bu des verres en se racontant plein d’anecdotes. J’ai adoré ces moments. Il a une grosse voix, un regard perçant mais c’est un gentil ourson. Sur le tournage, mes blagues le faisaient pleurer de rire. J’en étais hyper content.
Quelles résolutions prendrez-vous pour 2015 ?
Rester positif. Je vais dire un cliché mais franchement, la vie est belle. Hier, en buvant un coup avec mon producteur et mon metteur en scène, on était plié de rire.
Et je me suis dit : « Se marrer, passer de bons moments, voilà à quoi sert la vie ».
Propos recueillis par Nathalie Truche