Pour Alex Ramires, « quand on ne rentre pas dans les cases, y’a plus qu’à être soi-même. » Une formule qui reflète son one-man show intitulé Sensiblement viril dans lequel il malmène avec humour les stéréotypes et raconte son « homosexualité banale ».
Racontez-nous vos débuts à Lyon…
J’avais la jeunesse, la fougue et l’envie. Lyon est une ville qui donne sa chance aux nouveaux artistes. Quand on commence dans cette carrière, on peut passer d’un café-théâtre à l’autre. C’est plus sécurisant et calme qu’à Paris. Les débuts n’ont pas été galère mais bon, il y a des soirs où on joue devant quatre personnes… Mais je garde de cette époque de bons souvenirs.
Votre spectacle Sensiblement Viril réunit deux facettes de votre personnalité ?
En fait, je ne sais pas si je suis sensible ou viril mais l’association de ces deux mots - qui semblent se contredire - me va très bien. Le spectacle reflète le titre : la recherche d’une masculinité. Je ne me reconnais pas dans les clichés souvent affiliés à l’homme viril qui conduit des grosses voitures ni à l’homme sensible qui adore la mode et pleure pour un oui ou pour un non. Je suis un peu des deux. Finalement, c’est un point de départ pour se marrer sur tous les stéréotypes qui tournent autour de la virilité, de l’homosexualité et surtout, pour parler de moi-même !
Faire votre coming-out scénique, vous l’avez ressenti comme un besoin ?
À ce moment-là, je ne me doutais pas que ça me ferait autant de bien. C’était à la fois une envie et un pari du genre : je ne sais pas quelle réaction je vais susciter mais le spectacle me semblait un bon axe pour aborder l’homosexualité sans tomber dans les clichés. L’idée me faisait rire, je l’ai prise comme un défi artistique, plus que personnel. Au final, je suis mieux dans ma vie et ça a permis de me faire connaître.
Y-a-t-il un sketch que vous aimez particulièrement interpréter ?
Il y a une séquence vraiment à part dans laquelle je joue une dame âgée qui garde des enfants. C’est un moment sensible, comme suspendu. J’aime bien interpréter ce sketch car il représente une forme de respiration au milieu des vannes et des rires. Le personnage parle d’amour et d’alcool. Le spectacle est principalement un stand-up au cours duquel des personnages font irruption pendant deux ou trois minutes. Tatie Martini, cette vieille nounou, prend sept minutes sur scène. C’est un sketch dans le sens traditionnel du terme, avec le quatrième mur et la notion vraiment théâtrale.
De toutes les vidéos low-cost que vous postez sur internet, y en a-t-il une mémorable ?
Oui ! La vidéo de la Reine des neiges tournée dehors à Paris. La veille, on venait de terminer un tournage et généralement, on se laisse plusieurs jours ou semaines avant d’en attaquer un autre. Ma réalisatrice m’a appelé pour me dire « il neige à Paris, ça n’arrive jamais, c’est maintenant qu’il faut le faire ! » À cet instant, le terme low-cost a pris tout son sens. Je suis allé acheter trois rideaux et hop, le lendemain on tournait toute la journée. C’était épique.
On a été hyper heureux de l’accueil qu’a reçu la vidéo. Elle a permis de me lancer et de me faire connaître davantage.
Se grimer, c’est un exercice jubilatoire ?
Ce qui est surtout jubilatoire dans les vidéos low-cost, c’est la notion de création artistique, de vouloir faire comme dans les films mais avec les moyens du bord. Interpréter des personnages, faire des parodies est jouissif et se plie bien au format du web. C’est un exercice haut en couleur que je trouve fascinant.
Vous présenterez le gala d’ouverture du Montreux Comedy Festival. D’où vient l’idée d’un bal de promo à l’américaine ?
Je voulais une soirée festive et le bal de promo renvoie à un imaginaire joyeux où tout est « amazing » L’idée de gratter derrière ce cliché m’amusait. Je serai un maître de cérémonie qui veut vivre à l’américaine mais, à vouloir trop bien préparer le show, rien ne se passe comme prévu. Je voulais apporter autre chose que ce que j’ai l’habitude de faire et proposer quelque chose de frais, d’énergique, qui me ressemble. J’avais aussi envie d’aborder un sujet intemporel, qui ne soit pas ancré dans l’actualité.
Montreux, c’est un incontournable pour un humoriste ?
Pour moi, c’était un rêve qui s’est réalisé. Déjà, y aller en tant qu’invité trois années de suite a été un pur bonheur. Autant dire que j’étais sur un nuage. Quand on m’a confié la présentation du gala d’ouverture, je l’ai ressenti comme une chance, un plaisir et une reconnaissance car cela signifie que les gens aiment mon travail. Cette chance, j’ai envie d’en être digne.
Vos passages à l’émission On n’demande qu’à en rire de Laurent Ruquier ont-ils été déterminants dans votre carrière ?
À l’époque, j’effectuais mes premières scènes. On m’a dit que c’était trop tôt mais qu’il ne fallait pas changer de métier. Ce sont des phrases qu’on retient. Pour moi, ça été fondateur. Je me suis rendu compte qu’un échec ou un buzz constitue une étape comme une autre. C’est un passage intéressant pour avancer.
Que vous a apporté votre participation régulière à Quotidien, de Yann Barthès ?
Une super expérience. J’adore l’humour de Yann Barthès et participer à son émission représentait aussi un rêve. Je me suis rendu compte de certaines de mes obsessions : parodier des publicités, aller plus loin que l’image qu’on nous donne, gratter pour voir ce qu’il y a derrière. J’ai réalisé que c’était mon créneau. C’était le passage télé de mes rêves et l’avoir concrétisé a démontré que mon humour prend une autre dimension dans les fictions, les magnétos. La chronique de plateau me correspond moins mais cette participation m’a permis d’affiner mon travail, mon humour, mon écriture.
Quelle question vous agace le plus ?
« Bon alors, vous êtes qui, en quelques mots ? »
Propos recueillis par Nathalie Truche