Vivre autrement ?

Claire Marin est philosophe et enseigne dans les classes préparatoires aux grandes écoles à Paris. Membre associée de l’École normale supérieure, elle dirige le Séminaire international d’études sur le soin. Elle est autrice de Rupture(s) (L’Observatoire, 2019), un ouvrage remarqué sur la philosophie de la séparation, où elle analyse la façon dont la crise sanitaire affecte notre intimité. Maladie, deuil d’un proche, rupture amicale ou amoureuse… Dans une société qui valorise la durée déterminée, l’adaptabilité, la flexibilité, on peut plier mais on ne rompt pas. La rupture dont parle la philosophe Claire Marin est un «cataclysme intérieur», un point de non-retour, qui modifie en profondeur le sujet, le fait vaciller, le reconfigure. Elle serait niée pour devenir rupture conventionnelle, réduite à n’être un rebond. Elle devient acceptable socialement, banale, statistique. Pire encore, elle nous rendrait plus fort…

Claire Marin est l’autrice de plusieurs ouvrages consacrés aux épreuves existentielles : Hors de moi (Allia, 2008), L’Homme sans fièvre(Armand Colin, 2013) et La Maladie, catastrophe intime (PUF, 2014), Rupture(s) (L’Observatoire, 2019). Elle dialogue avec Hervé Mazurel, Maitre de conférences à l’université de Bourgogne, historien des sensibilités et des imaginaires, spécialiste de l’Europe romantique. Pendant la crise sanitaire, il est régulièrement intervenu dans la presse sur les bouleversements provoqués par les contraintes imposées. 

Hervé Mazurel a récemment publié Kaspar l’obscur ou l’enfant de la nuit (La Découverte, 2020) et fait paraître à l’automne L’Inconscient ou l’oubli de l’histoire. Profondeurs et métamorphoses de la vie affective (La Découverte, 2021). Il est par ailleurs co-directeur de la revue Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales (Anamosa). Musicien à ses heures il a sorti six albums entre 2001 et 2017 au sein de Jack the Ripper, The Fitzcarraldo Sessions et Valparaiso.