THE PRISONER

« De quoi laisser chamboulé, estomaqué, égaré » Didier Méreuze, La Croix

Un espace vide, quelques bouts de bois mort posés sur le sol, et nous voilà immédiatement transportés dans un pays lointain. Les premiers mots évoquent des murs et des chemins de terre, un paysage âpre, un monde à la beauté dure. Ce peut être le Yémen, l’Afghanistan, l’Inde, l’Afrique sahélienne ou un pays imaginaire, peu importe. L’essentiel se passera dans le trajet émotionnel et moral de Mavuso, un jeune homme qui commet un crime indicible contre sa famille. Le jugement et la punition qu’on lui inflige le forcent à plonger au plus profond de lui-même. Quelle était la véritable raison de son crime? Pourra-t-il un jour s’en libérer? Lui suffit-il de purger la peine que la société lui a infligée pour se racheter?

À nonante-trois ans et après une carrière de plus de septante ans où se bousculent des mises en scène légendaires et un travail de recherche ininterrompu sur son art, Peter Brook garde intacte cette capacité unique de faire surgir un monde à partir de rien. The Prisoner, qu’il a lui-même écrit avec sa fidèle collaboratrice Marie-Hélène Estienne, nous emmène dans un parcours initiatique dont la portée apparaît des plus complexes. Avec la plus grande simplicité, cette parabole suscite une foule de questions vastes et profondes. Comment une société choisit-elle ses normes? Certaines idées de la justice créent-elles de l’injustice? Comment vivre avec nos fautes? Un grand voyage intérieur sous la direction d'un mage.