SCANDALE

Entrez dans la transe!

Scandale! Quoi, encore un? Pierre Rigal sait trouver le terme qui provoque une détonation. Ses titres n’ont jamais plus d’un mot, et après Asphalte et Standards, c’est Scandale qui vient nous réveiller en pleine nuit. Dans une atmosphère chamanique, cette pièce pour six danseurs et un musicien pourrait bien vous faire perdre les pédales en exaltant le scandaleux phénomène qui consiste à se laisser traverser, peut-être même posséder, par des forces extérieures. Y a-t-il de quoi indigner les foules? Est-il admis de voir des corps s’abandonner à la transe?

Six interprètes hip-hop virevoltent comme des fantômes, des esprits de la danse, autour de celui qui mène le bal, le musicien Gwenaël Drapeau. S’il y a un sorcier dans cette histoire, c’est bien lui! Avec sa batterie, son clavier, son micro, il manipule sans vergogne la ronde des danseurs, dont les mouvements semblent provoqués tantôt par la fièvre, tantôt par les ressorts d’un automate remonté à bloc. Avec ses capteurs, le musicien chamane saisit les sons produits par ces créatures qui deviennent des instruments à leur tour, soufflant, ahanant, hululant, chantant, ricanant, sans jamais s’arrêter de danser. Le dialogue s’engage avec passion entre le percussionniste sans visage et les corps fantasques, il ne cesse d’augmenter en intensité et s’épanouit en une transe démoniaque. Il s’en faut de peu qu’on n’entre dans la danse !