Nuée

Le delta du Mékong… les brumes montent du fleuve et dans le corps d’Emmanuelle Huynh, les alluvions du voyage interrogeant ses racines se déposent lentement. Dans un subtil autoportrait, bien loin de toute complaisance, la danseuse-chorégraphe piste les lignes qui la constituent, filaments ténus dont elle tisse son propre pays, celui qui n’est sur aucune carte, un « dépays » ancré en elle. En hommage à son père et sa terre natale, le Vietnam, Emmanuelle Huynh offre un fascinant périple chorégraphique intime.

D’un côté le Vietnam, lisible par fragments, comme une langue à déchiffrer – sur son visage, dans ses pieds, inscrite dans son prénom, Thanh Loan, Oiseau bleu. De l’autre, la France où Emmanuelle Huynh est née et s’est formée à la philosophie et à la danse. Entre les deux, un fin liseré qu’elle parcourt en cherchant à lever le voile, à comprendre les cheminements, les points d’ancrage. Sous les lumières ciselées de Caty Olive, sa danse exploratrice arpente précautionneusement ses souvenirs, douceur lente, cheminement intime. Elle disperse des traces, transmet des signes, éparpille une certaine « image de soi » en archipel d’altérité. Belle invitation au voyage. Un appel à se fondre, nous aussi, dans les nuées…