DIDON & ÉNÉE

DIDON & ÉNÉE

Créé dans un orphelinat de jeunes filles, il reflète dès ses origines un univers profondément féminin, où Énée, bien que mentionné dans le titre, n’apparaît qu’en retrait. Les créateurs laissent alors Didon au centre d’un drame psychologique captivant. 

Inspiré de l’Énéide de Virgile et adapté par le poète Nahum Tate, l’histoire revisite le destin tragique de Didon, reine veuve de Carthage. Les péripéties commencent lorsqu’elle accueille Énée, prince troyen en quête d’une nouvelle Troie en Italie. Elle lutte d’abord contre ses sentiments avant de céder à son amour. Mais une sorcière déguisée en Mercure pousse Énée à l’abandonner, invoquant son devoir sacré. Submergée par le désespoir, Didon se donne la mort devant Belinda, sa confidente, tandis que les Amours pleurent cette perte irréparable. 

Peeping Tom enrichit l’œuvre avec une intrigue parallèle où Didi, une femme de pouvoir fictive et autoritaire, rejoue inlassablement l’histoire pour apaiser sa propre solitude. Son palais, clos et oppressant, devient un miroir de son isolement intérieur, surplombé par une Chambre des Parlementaires. C’est le symbole d’un pouvoir autant redouté que subi.

Sous la baguette d’Emmanuelle Haïm, Le Concert d’Astrée mêle les délicatesses musicales de Purcell à des interludes modernes composés par Atsushi Sakai, inspirés de l’air poignant « When I am laid in Earth ». Dans le rôle de Didon, la mezzo-soprano suisse Marie-Claude Chappuis livre une performance bouleversante, à la fois majestueuse et vulnérable.