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10 ANS, MÊME PÔ PEUR !

Les joies de l’anticipation négative, vous connaissez ? C'est un peu comme un DJ raté dans ma tête qui passe en boucle les pires tubes de l’été : si c’était une erreur ? Si mon avion se crashait ? Si je marchais pied nu sur une vipère ? Comme si mon cerveau passait la playlist « pessimisme » en boucle, et qu'il avait un radar à détecter les pires scénarios. Parce que, la vie est une succession de risques, non ? Se prendre un vent, faire des choix foireux, se faire larguer, retourner vivre chez sa mère... la liste est longue… Nous, les « anticipateurs négatifs », on a un abonnement VIP au club des « SI ». On planifie nos frayeurs à l'avance, histoire d'être vraiment prêts : toujours avoir un fond sonore flippant dans sa playlist. Mais malgré tout, la plupart du temps, on avance. On appuie sur PLAY. D’ailleurs souvent, contre toute attente, les choses se passent mieux que prévu. Comme si la réalité rigolait et nous disait « Non, mais sérieusement ? C'était ça ta grosse frayeur ? » Chaque fois que j'ai cru mourir de trouille - mais que j'ai foncé quand même -  j'ai eu droit à ce joli cadeau, cette bouffée d'air frais, ce souffle de liberté, cet instant où tout s'arrête et s’apaise, ce « en fait, tout va bien » qui rend nos « SI » totalement dépassés, et rend nos craintes aussi insignifiantes qu'un vinyle rayé dans un monde numérique.

Il y a 10 ans, quand on a appuyé sur PLAY en lançant le premier numéro de MOKAMAG avec une bonne dose d'appréhension et un espoir fou, jamais nous n'aurions imaginé qu’en 2024, on serait là à nous remémorer les frayeurs de nos débuts avec un brin de nostalgie… Alors oui, parfois, j'aimerais lâcher prise sur cette anticipation qui me colle à la peau. Mais souvent, je me demande aussi si je ne suis pas accro à cet ascenseur émotionnel… En ce dixième anniversaire de notre magazine, alors que nous nous laissons emporter par les doux souvenirs des numéros passés et accueillons avec joie ceux à venir, je tiens à vous dire MERCI. Merci, chers lecteurs, de continuer à nous lire, merci pour votre soutien indéfectible. Et très bel été à tous !

Carole Cailloux, directrice de la publication